- sam. 6 janv. 2018 00:36
#31046
Journée agitée. Tous les jours étaient agités. Une journée calme était une sorte de rêve inaccessible, dans un quelconque corps d'armée. Ou plutôt non. C'était finalement la définition même du cauchemar. Ne rien avoir à faire. Voir la paix universelle. Une sorte de stase latente qui signe une paix improbable. La garantie de voir les conflits disparaître. La possibilité de voir son travail disparaître. S'agiter revient finalement à s'occuper l'esprit. Se caser dans un monde binaire. Je travaille pour un gouvernement, je tue ceux qui travaillent pour l'autre gouvernement. Tout devient beaucoup plus simple. Pas besoin de décider qui est gentil, qui ne l'est pas. Fini les tracas et les cas de conscience. Il y a ses hommes et l'armée ennemie. Ses vaisseaux, leur entretien, ses hommes, leur état de santé. Des considérations qui rapprochent, malgré les différences.
Sarwin Rost était convoqué au Quartier-Général au sol de son monde en orbite actuelle. Cato Neimoidia. Ville de Chal Haan, Roi-Marchand, affecté au Conseil de la Nouvelle République aux affaires de commerce. Pedigree appréciable. Parcours un peu chaotique. La cuvette suspendue entre deux gigantesques Mesa qui servait de ville abritant la caserne devait son économie assez prospère aux militaires en station dans les logements périphériques. En injectant leurs soldes dans les jeux, les loisirs, la nourriture, et parfois certains compatriotes expatriés qui étaient physiquement attirants, on finissait par recréer une petrite économie locale. Les bidasses étaient polis et appréciés en général. Les Neimoidiens, pingres qu'ils étaient, se ravissaient qu'ils achètent sans faire trop de vague.
Au centre de la cité, un petit QG permanent s'élevait sur trois étages au-dessus du niveau "officiel" du sol, et s'étendait sur six étages en-dessous, les balcons circulaires situés sous le hamac géant plongés dans une ombre portée permanente, avec vue imprenable sur une abîme haute de quelques kilomètres. Ou plutôt dizaines de kilomètres. Centaines même. Mais même en simple unité kilométrique, la chute semblait fatale à pratiquement tous les coups. Les garde-fou se faisaient baiser les rambardes presque tous les jours.
La convocation était restée un mystère. Le message était laconique, mais l'ordre clair. Il fallait venir. Un transport de troupe lambda avait fait transiter le Lieutenant-Commandant avec quelques transports de matériel. On mettait à profit chaque trajet. Le folklore de la navette privée pour l'officier, c'était réservé aux impériaux. Qui n'avaient que ça à faire de toute façon.
Lieutenant-Commandant Sarwin Rost ?
Un sullustain jeune - l'âge se compte sur les rides des bajoues paraît-il, et les siennes étaient lisses comme des crèmes au speculoos - s'approcha du Lieutenant-Commandant. Un simple cadet. Un blaster DH-17 battant le flanc de sa cuisse, une trousse de cartouches en banane, des bottes sales et une paire de gant en croûte de cuir non-noble. Pas très riche ni très soigné. Oui, on est loin du protocole impérial. L'armée de la Nouvelle-République était encore jeune.
On m'a demandé de vous accompagner à votre rendez-vous, Commandant. Si vous voulez bien, Commandant...
On ouvre la marche d'une main tendue. Mais le cadet reste devant. Il est le guide. Mais il doit laisser passer le patron devant. C'est stupide parfois, ce genre de simagrées paradoxales. Mais qu'importe. Durant le trajet, le sullustain ne décrocha pas un mot, tout au plus répondant aux questions bateau. Sans répondre à la fondamentale : Pourquoi cette convocation ? Il semblait le savoir. Mais semblait ne rien devoir en dire. Vouloir en dire. Il semblait un peu... dégoûté ? Le dédale vertical se termina devant une salle ovale. Salle de briefing. Sobre.
Voici, Commandant. Le Lieutenant-Colonel Dextris et le Contre-Amiral Jaciendo vous attendent.
Il salua, et laissa à Sarwin le loisir d'entrer. La salle était un petit amphithéâtre aux tons blancs, capable d'accueillir une trentaine de personnel, face à une table d'holoprojection à affichage géant. Des sièges à l'extérieur, comme destinés à des curieux trônaient. Près de la table discutaient deux hommes sur des datapad éparpillés. La porte coullisante, ils levèrent la tête tout de suite.
Oh, Lieutenant-Commandant !
L'homme de terre ramassa vite fait les datapad et les remisa sur le côté, avant qu'il ne se dirige lentement vers Sarwin. L'homme de Marine resta en place, bras croisés.
Lieutenant-Colonel Dextris, enchanté Commandant.
Un geste vers le marin.
Contre-Amiral Jaciendo, voici le Lieutenant-Commandant Rost. Commandant Rost, Contre-Amiral Jaciendo.
Lequel hocha sobrement la tête. Dextris semblait jeune, à peine la quarantaine, une petite barbe de deux jours sous un visage carré, des cheveux châtains clairs, quelques tâches de rousseur sur le nez, et des yeux noisettes pétillants de bonne humeur. Jaciendo avait un physique trapu, un peu enrobé, mais au dos droit, au port altier et au visage peu avenant. Sa calvitie partiale et sa moustache épaisse et grisonnant lui donnait l'image d'un vieux marin allant sur sa soixantaine. Quelque chose en lui le désignait comme un impérial renégat. Comme beaucoup dans l'armée républicaine.
Nous sommes navrés de faire tant de manières, mais...
Hm-hm.
Amiral ?
Continuez.
Oh, bien... Et bien, disons que nous voulions que cela reste discret. Le plus... discret possible. Tout d'abord, j'aimerais savoir... tout se passe bien avec votre équipage ?
Journée agitée. Tous les jours étaient agités. Une journée calme était une sorte de rêve inaccessible, dans un quelconque corps d'armée. Ou plutôt non. C'était finalement la définition même du cauchemar. Ne rien avoir à faire. Voir la paix universelle. Une sorte de stase latente qui signe une paix improbable. La garantie de voir les conflits disparaître. La possibilité de voir son travail disparaître. S'agiter revient finalement à s'occuper l'esprit. Se caser dans un monde binaire. Je travaille pour un gouvernement, je tue ceux qui travaillent pour l'autre gouvernement. Tout devient beaucoup plus simple. Pas besoin de décider qui est gentil, qui ne l'est pas. Fini les tracas et les cas de conscience. Il y a ses hommes et l'armée ennemie. Ses vaisseaux, leur entretien, ses hommes, leur état de santé. Des considérations qui rapprochent, malgré les différences.
Sarwin Rost était convoqué au Quartier-Général au sol de son monde en orbite actuelle. Cato Neimoidia. Ville de Chal Haan, Roi-Marchand, affecté au Conseil de la Nouvelle République aux affaires de commerce. Pedigree appréciable. Parcours un peu chaotique. La cuvette suspendue entre deux gigantesques Mesa qui servait de ville abritant la caserne devait son économie assez prospère aux militaires en station dans les logements périphériques. En injectant leurs soldes dans les jeux, les loisirs, la nourriture, et parfois certains compatriotes expatriés qui étaient physiquement attirants, on finissait par recréer une petrite économie locale. Les bidasses étaient polis et appréciés en général. Les Neimoidiens, pingres qu'ils étaient, se ravissaient qu'ils achètent sans faire trop de vague.
Au centre de la cité, un petit QG permanent s'élevait sur trois étages au-dessus du niveau "officiel" du sol, et s'étendait sur six étages en-dessous, les balcons circulaires situés sous le hamac géant plongés dans une ombre portée permanente, avec vue imprenable sur une abîme haute de quelques kilomètres. Ou plutôt dizaines de kilomètres. Centaines même. Mais même en simple unité kilométrique, la chute semblait fatale à pratiquement tous les coups. Les garde-fou se faisaient baiser les rambardes presque tous les jours.
La convocation était restée un mystère. Le message était laconique, mais l'ordre clair. Il fallait venir. Un transport de troupe lambda avait fait transiter le Lieutenant-Commandant avec quelques transports de matériel. On mettait à profit chaque trajet. Le folklore de la navette privée pour l'officier, c'était réservé aux impériaux. Qui n'avaient que ça à faire de toute façon.
Un sullustain jeune - l'âge se compte sur les rides des bajoues paraît-il, et les siennes étaient lisses comme des crèmes au speculoos - s'approcha du Lieutenant-Commandant. Un simple cadet. Un blaster DH-17 battant le flanc de sa cuisse, une trousse de cartouches en banane, des bottes sales et une paire de gant en croûte de cuir non-noble. Pas très riche ni très soigné. Oui, on est loin du protocole impérial. L'armée de la Nouvelle-République était encore jeune.
On ouvre la marche d'une main tendue. Mais le cadet reste devant. Il est le guide. Mais il doit laisser passer le patron devant. C'est stupide parfois, ce genre de simagrées paradoxales. Mais qu'importe. Durant le trajet, le sullustain ne décrocha pas un mot, tout au plus répondant aux questions bateau. Sans répondre à la fondamentale : Pourquoi cette convocation ? Il semblait le savoir. Mais semblait ne rien devoir en dire. Vouloir en dire. Il semblait un peu... dégoûté ? Le dédale vertical se termina devant une salle ovale. Salle de briefing. Sobre.
Il salua, et laissa à Sarwin le loisir d'entrer. La salle était un petit amphithéâtre aux tons blancs, capable d'accueillir une trentaine de personnel, face à une table d'holoprojection à affichage géant. Des sièges à l'extérieur, comme destinés à des curieux trônaient. Près de la table discutaient deux hommes sur des datapad éparpillés. La porte coullisante, ils levèrent la tête tout de suite.
L'homme de terre ramassa vite fait les datapad et les remisa sur le côté, avant qu'il ne se dirige lentement vers Sarwin. L'homme de Marine resta en place, bras croisés.
Un geste vers le marin.
Lequel hocha sobrement la tête. Dextris semblait jeune, à peine la quarantaine, une petite barbe de deux jours sous un visage carré, des cheveux châtains clairs, quelques tâches de rousseur sur le nez, et des yeux noisettes pétillants de bonne humeur. Jaciendo avait un physique trapu, un peu enrobé, mais au dos droit, au port altier et au visage peu avenant. Sa calvitie partiale et sa moustache épaisse et grisonnant lui donnait l'image d'un vieux marin allant sur sa soixantaine. Quelque chose en lui le désignait comme un impérial renégat. Comme beaucoup dans l'armée républicaine.
Hm-hm.
Amiral ?
Continuez.
Oh, bien... Et bien, disons que nous voulions que cela reste discret. Le plus... discret possible. Tout d'abord, j'aimerais savoir... tout se passe bien avec votre équipage ?