- ven. 6 nov. 2020 13:11
#38403
Je progresse presque à l’aveugle, guidé par les néons clignotants des devantures de cantinas, de casinos ou de boutiques. Les criminels ont engendrés un chaos indescriptible. Les rues sont parcourues par des fumées toxiques venant des niveaux plus bas, des câbles électriques sous tension traînent sur le sol, projetant parfois des arcs mortelles entre éléments conducteurs. Des flammes s’échappent des fenêtres brisées. Les voyous libérés s’adonnent au pillage, au lynchage, au meurtre, au viol. Les innocents fuient, hurlent, pleurent, se défendent vainement contre ces humains et ces aliens assoiffés de revanche. Je retrouve mon chemin à l’aide des souvenirs qui datent de presque dix ans, fusil dressé, à pas rapides mais prudents, pestant contre les Rebelles qui ont eu ce plan inqualifiable. Libérer les criminels pour semer le chaos et en tirer partie. C’est honteux, digne de l’Empire, c’est impardonnable.
Un Gamoréen surgit d’un bâtiment à ma droite, le visage déformé par un cri. Son visage de sanglier irradie de violence, son groin est couvert de sang et de longs filets de bave s’écoulent de sa large gueule. Il dresse ce qu’il a pu s’improviser comme arme, un simple panneau d’indication, déformé et cramoisi par ses victimes. Une fois la surprise passée mon corps réagit instinctivement, mon torse pivote, mes pieds s’écartent pour m’assurer un équilibre adéquat, mon bras lève le canon de mon arme et mon doigt presse la gâchette tandis que mon souffle se retient. Le tir pénètre le front de ma cible qui s’effondre en pleine charge en provoquant un bruit de chair flasque. Je me remet en marche tout en reprenant un souffle régulier sans perdre plus de temps, concentré pour ne pas voler une vie innocente. Je sens que je m’approche de chez moi, je dois retrouver ma mère avant qu’il ne soit trop tard. Une explosion retentit au coin de la rue, me forçant à me tourner et à protéger mon visage à l’aide de mon bras. Des débris volent jusqu’à mes bottes et je commence à sentir ma gorge me piquer, gênée par la poussière et les vapeurs empoisonnées. Je m’infiltre dans une ruelle pour éviter le bâtiment fragilisé tout en redoublant d’attention. Je scrute devant moi, derrière moi, au dessus de moi, me méfie de chaque recoin, chaque fenêtre, chaque porte. Une main saisit soudain mon arme pour la baisser juste avant qu’une ombre jaillisse. Je saisis le poignet libre de mon agresseur alors qu’il brandit une vibrodague. Sans ménagement je la cogne contre le mur pour lui faire lâcher ce qu’il tient fermement. Mon assaillant est masqué, impossible de discerner son visage si ce n’est son regard fou. Fort heureusement il n’est pas plus costaud que moi et j’arrive à le tenir en respect à la force de mes bras. Sa main s’écrase encore une fois contre le permabéton, lui arrachant un cri et lui faisant lâcher prise. Il ne fait pas l’erreur de lâcher mon arme mais tente vainement de me l’arracher des mains. Ma main libre se ferme et frappe sa joue exposée. Je peux sentir ses dents se briser à l’impact, il me jette un regard à la fois perdu et courroucé avant de se mettre à courir en se tenant la mâchoire, s’aidant des murs de la ruelle pour ne pas s’écrouler. Je dresse mon fusil et le vise, une chose en moi me pousserait à l’abattre d’un tir de blaster dans le dos mais je me retiens, préoccupé par un objectif plus important. Je le laisse filer vers le bout de la ruelle où il trouve tout de même la mort quand un speeder en flamme et hors de contrôle le fauche à toute vitesse. Je gagne à mon tour le bout du passage mais jette un œil dans la rue avant de me risquer à me faire écraser à mon tour. Enfin j’aperçois mon but, ma maison, là où vit ma mère. Je sors de la ruelle et accélère vers l’habitation. Plus je m’en approche plus un voile sombre recouvre la rue, me donnant la sale impression de m’en éloigner à chaque pas. Mon corps s’alourdit, une force invisible me repousse et c’est au prix d’un effort esquintant que j’atteins finalement la porte au moment où un cri strident s’échappe de l’autre côté de la paroi de ferraille me tirant de mon sommeil.
Je me tiens assis dans mon lit, haletant, en sueur, le cœur battant frénétiquement. J’entends encore le cri qui m’a tiré de ce mauvais rêve, venant de la chambre à côté. Il s’agit de mon fils, Varo, qui s’égosille. A mes côtés ma femme émet une plainte endormie tout en me poussant du pied. Je me masse les paupières avant de glisser mon regard vers ses cheveux châtains qui se répandent sur l’oreiller, je pousse une mèche qui recouvre son visage, dévoilant son profil gauche dont la joue est marquée d’une longue cicatrice. Un mauvais souvenir offert par la criminalité des profondeurs de la mégalopole additionné à son métier de serveuse. C’est le
jour, plutôt la nuit où on lui a infligé ça que nous nous sommes rencontrés, j’ai sévèrement châtié le responsable. Elle en reste très belle, de beaux et longs cheveux, des yeux en amande, un nez fin, un menton discret et des lèvres fines. Je m’extirpe du lit grinçant et traîne les pieds jusqu’à la chambre de mon fils, assis dans son lit il calme son chagrin en m’apercevant tout en désignant un recoin de sa chambre.
« Peur ! »
Je soupire et le soulève pour le prendre dans mes bras afin de le rassurer. Je ne suis visiblement pas le seul à avoir fait un mauvais rêve. Ca lui arrive au moins une fois par semaine ces derniers temps.
« Moi peur ! »
Répète-il en reniflant. Je caresse sa tignasse brune et plonge mes yeux dans ses yeux verts, les mêmes que ceux de sa mère.
« Il n’y a pas de monstres dans la maison, papa les a tous chassés. »
Inconsolable, il plonge son nez humide dans mon cou pour se remettre à pleurer. Je sais que c’est inutile d’insister, la seule façon de réussir à le rendormir et de le coucher dans notre lit. Je sors de sa chambre en jetant tout de même un œil dans le coin de la pièce, par pur prudence. On avait réussi un matin à lui tirer une description sommaire du monstre qu’il aperçoit dans ses cauchemars; une grande créature aux yeux rouges et au visage sale expliquait-il avec ses mots mais difficile d’en attendre plus d’un enfant de deux ans.
Je l’installe aux côtés de sa mère et le recouvre avec la couverture avant de lui déposer un baiser sur le front. J’observe l’horloge et remarque qu’il est pratiquement l’heure pour moi de me lever. Mon fils se détend au point de s’étaler rapidement sur tout le côté de mon lit en reprenant une respiration profonde. Je sens un mince sourire s’étirer sur ma joue en le voyant ainsi.
Je laisse ma petite famille se reposer et gagne la salle de bain pour vider ma vessie et me passer de l’eau sur le visage, j’observe dans le miroir ma tête encore endormie: ma peau mat, mes cheveux châtains, ma mâchoire carrée, mon front large, mes yeux marrons, mes lèvres épaisses. Je touche du bout du doigt la cicatrice sur ma lèvre inférieur de manière prudente, comme si elle pouvait encore me faire mal. Je masse mes joues pour réveiller ma face engourdie, sentant les poils de ma barbe naissante gratter le bout de mes doigts. J’attrape une serviette et m’essuie délicatement avant de quitter la pièce pour me rendre dans la cuisine. L’appartement n’est pas très grand mais c’est tout ce qu’on peut s’offrir pour l’instant. Dans le couloir derrière moi se trouve la salle d’eau et les deux chambres ainsi qu’un petit débarras. La cuisine fait office de pièce principale comprenant une table, trois tabourets et l’équipement minimum pour se faire à manger : un petit frigo, un four au thermostat cassé, une cuisinière électrique avec un micro-ondes intégré . A l’autre bout de la pièce se trouve un petit canapé situé devant une télévision surplombant le routeur holonet . A côté, la porte d’entrée, sauvée de la rouille par mes coups de peinture. A côté se trouve un meuble où l’on range nos affaires. La pièce est baignée dans une lueur jaunâtre apporté par la lumière artificiel qui traverse la large fenêtre au dessus du lavabo. Pas de lumière du jour dans les sous sols de la cité, je n’ai pas aperçu un rayon de Coruscant Prime depuis des années. J’avale une boisson chaude et ouvre le meuble à côté de la porte pour y saisir mes habits. De simples et modestes vêtements à l’état correct et je recouvre le tout de mon gilet militaire aux multiples poches duquel j’ai arraché ou effacé les symboles Rebelles. Je monte ensuite ma main pour atteindre le plus haut de l’armoire et attraper mon blaster que je range à ma ceinture avant de quitter mon foyer pour descendre les quelques étages qui me séparent du plancher de ce niveau de la cité-planète. De là je gagne le hall du bâtiment, une grande salle froide et grise donnant accès à la rue.
Je progresse presque à l’aveugle, guidé par les néons clignotants des devantures de cantinas, de casinos ou de boutiques. Les criminels ont engendrés un chaos indescriptible. Les rues sont parcourues par des fumées toxiques venant des niveaux plus bas, des câbles électriques sous tension traînent sur le sol, projetant parfois des arcs mortelles entre éléments conducteurs. Des flammes s’échappent des fenêtres brisées. Les voyous libérés s’adonnent au pillage, au lynchage, au meurtre, au viol. Les innocents fuient, hurlent, pleurent, se défendent vainement contre ces humains et ces aliens assoiffés de revanche. Je retrouve mon chemin à l’aide des souvenirs qui datent de presque dix ans, fusil dressé, à pas rapides mais prudents, pestant contre les Rebelles qui ont eu ce plan inqualifiable. Libérer les criminels pour semer le chaos et en tirer partie. C’est honteux, digne de l’Empire, c’est impardonnable.
Un Gamoréen surgit d’un bâtiment à ma droite, le visage déformé par un cri. Son visage de sanglier irradie de violence, son groin est couvert de sang et de longs filets de bave s’écoulent de sa large gueule. Il dresse ce qu’il a pu s’improviser comme arme, un simple panneau d’indication, déformé et cramoisi par ses victimes. Une fois la surprise passée mon corps réagit instinctivement, mon torse pivote, mes pieds s’écartent pour m’assurer un équilibre adéquat, mon bras lève le canon de mon arme et mon doigt presse la gâchette tandis que mon souffle se retient. Le tir pénètre le front de ma cible qui s’effondre en pleine charge en provoquant un bruit de chair flasque. Je me remet en marche tout en reprenant un souffle régulier sans perdre plus de temps, concentré pour ne pas voler une vie innocente. Je sens que je m’approche de chez moi, je dois retrouver ma mère avant qu’il ne soit trop tard. Une explosion retentit au coin de la rue, me forçant à me tourner et à protéger mon visage à l’aide de mon bras. Des débris volent jusqu’à mes bottes et je commence à sentir ma gorge me piquer, gênée par la poussière et les vapeurs empoisonnées. Je m’infiltre dans une ruelle pour éviter le bâtiment fragilisé tout en redoublant d’attention. Je scrute devant moi, derrière moi, au dessus de moi, me méfie de chaque recoin, chaque fenêtre, chaque porte. Une main saisit soudain mon arme pour la baisser juste avant qu’une ombre jaillisse. Je saisis le poignet libre de mon agresseur alors qu’il brandit une vibrodague. Sans ménagement je la cogne contre le mur pour lui faire lâcher ce qu’il tient fermement. Mon assaillant est masqué, impossible de discerner son visage si ce n’est son regard fou. Fort heureusement il n’est pas plus costaud que moi et j’arrive à le tenir en respect à la force de mes bras. Sa main s’écrase encore une fois contre le permabéton, lui arrachant un cri et lui faisant lâcher prise. Il ne fait pas l’erreur de lâcher mon arme mais tente vainement de me l’arracher des mains. Ma main libre se ferme et frappe sa joue exposée. Je peux sentir ses dents se briser à l’impact, il me jette un regard à la fois perdu et courroucé avant de se mettre à courir en se tenant la mâchoire, s’aidant des murs de la ruelle pour ne pas s’écrouler. Je dresse mon fusil et le vise, une chose en moi me pousserait à l’abattre d’un tir de blaster dans le dos mais je me retiens, préoccupé par un objectif plus important. Je le laisse filer vers le bout de la ruelle où il trouve tout de même la mort quand un speeder en flamme et hors de contrôle le fauche à toute vitesse. Je gagne à mon tour le bout du passage mais jette un œil dans la rue avant de me risquer à me faire écraser à mon tour. Enfin j’aperçois mon but, ma maison, là où vit ma mère. Je sors de la ruelle et accélère vers l’habitation. Plus je m’en approche plus un voile sombre recouvre la rue, me donnant la sale impression de m’en éloigner à chaque pas. Mon corps s’alourdit, une force invisible me repousse et c’est au prix d’un effort esquintant que j’atteins finalement la porte au moment où un cri strident s’échappe de l’autre côté de la paroi de ferraille me tirant de mon sommeil.
Je me tiens assis dans mon lit, haletant, en sueur, le cœur battant frénétiquement. J’entends encore le cri qui m’a tiré de ce mauvais rêve, venant de la chambre à côté. Il s’agit de mon fils, Varo, qui s’égosille. A mes côtés ma femme émet une plainte endormie tout en me poussant du pied. Je me masse les paupières avant de glisser mon regard vers ses cheveux châtains qui se répandent sur l’oreiller, je pousse une mèche qui recouvre son visage, dévoilant son profil gauche dont la joue est marquée d’une longue cicatrice. Un mauvais souvenir offert par la criminalité des profondeurs de la mégalopole additionné à son métier de serveuse. C’est le
jour, plutôt la nuit où on lui a infligé ça que nous nous sommes rencontrés, j’ai sévèrement châtié le responsable. Elle en reste très belle, de beaux et longs cheveux, des yeux en amande, un nez fin, un menton discret et des lèvres fines. Je m’extirpe du lit grinçant et traîne les pieds jusqu’à la chambre de mon fils, assis dans son lit il calme son chagrin en m’apercevant tout en désignant un recoin de sa chambre.
« Peur ! »
Je soupire et le soulève pour le prendre dans mes bras afin de le rassurer. Je ne suis visiblement pas le seul à avoir fait un mauvais rêve. Ca lui arrive au moins une fois par semaine ces derniers temps.
« Moi peur ! »
Répète-il en reniflant. Je caresse sa tignasse brune et plonge mes yeux dans ses yeux verts, les mêmes que ceux de sa mère.
« Il n’y a pas de monstres dans la maison, papa les a tous chassés. »
Inconsolable, il plonge son nez humide dans mon cou pour se remettre à pleurer. Je sais que c’est inutile d’insister, la seule façon de réussir à le rendormir et de le coucher dans notre lit. Je sors de sa chambre en jetant tout de même un œil dans le coin de la pièce, par pur prudence. On avait réussi un matin à lui tirer une description sommaire du monstre qu’il aperçoit dans ses cauchemars; une grande créature aux yeux rouges et au visage sale expliquait-il avec ses mots mais difficile d’en attendre plus d’un enfant de deux ans.
Je l’installe aux côtés de sa mère et le recouvre avec la couverture avant de lui déposer un baiser sur le front. J’observe l’horloge et remarque qu’il est pratiquement l’heure pour moi de me lever. Mon fils se détend au point de s’étaler rapidement sur tout le côté de mon lit en reprenant une respiration profonde. Je sens un mince sourire s’étirer sur ma joue en le voyant ainsi.
Je laisse ma petite famille se reposer et gagne la salle de bain pour vider ma vessie et me passer de l’eau sur le visage, j’observe dans le miroir ma tête encore endormie: ma peau mat, mes cheveux châtains, ma mâchoire carrée, mon front large, mes yeux marrons, mes lèvres épaisses. Je touche du bout du doigt la cicatrice sur ma lèvre inférieur de manière prudente, comme si elle pouvait encore me faire mal. Je masse mes joues pour réveiller ma face engourdie, sentant les poils de ma barbe naissante gratter le bout de mes doigts. J’attrape une serviette et m’essuie délicatement avant de quitter la pièce pour me rendre dans la cuisine. L’appartement n’est pas très grand mais c’est tout ce qu’on peut s’offrir pour l’instant. Dans le couloir derrière moi se trouve la salle d’eau et les deux chambres ainsi qu’un petit débarras. La cuisine fait office de pièce principale comprenant une table, trois tabourets et l’équipement minimum pour se faire à manger : un petit frigo, un four au thermostat cassé, une cuisinière électrique avec un micro-ondes intégré . A l’autre bout de la pièce se trouve un petit canapé situé devant une télévision surplombant le routeur holonet . A côté, la porte d’entrée, sauvée de la rouille par mes coups de peinture. A côté se trouve un meuble où l’on range nos affaires. La pièce est baignée dans une lueur jaunâtre apporté par la lumière artificiel qui traverse la large fenêtre au dessus du lavabo. Pas de lumière du jour dans les sous sols de la cité, je n’ai pas aperçu un rayon de Coruscant Prime depuis des années. J’avale une boisson chaude et ouvre le meuble à côté de la porte pour y saisir mes habits. De simples et modestes vêtements à l’état correct et je recouvre le tout de mon gilet militaire aux multiples poches duquel j’ai arraché ou effacé les symboles Rebelles. Je monte ensuite ma main pour atteindre le plus haut de l’armoire et attraper mon blaster que je range à ma ceinture avant de quitter mon foyer pour descendre les quelques étages qui me séparent du plancher de ce niveau de la cité-planète. De là je gagne le hall du bâtiment, une grande salle froide et grise donnant accès à la rue.