- lun. 4 oct. 2021 11:32
#39848
Coruscant la brillante.
La cité planète du noyau, cœur politique de la Nouvelle République comme de l’ancienne, méritait bien son nom, vu d’en haut.
Ménoï se souvenait bien d’avoir aperçu, par l’un des hublots du transport de troupes par lequel elle revenait à la planète, les lumières scintillantes de l’urbanisme exponentiel tracer d’élégantes formes géométriques.
Malgré la beauté rutilante de la mégapole sous ses feux infinis de lampions orangés, de néons multicolores, de nombreuses fenêtres des grands ensembles illuminées de jour comme de nuit, d’immenses holo-publicitaires mangeant parfois des façades entières de grands immeubles et hôtels particuliers de luxes ; La jeune zeltronne se souvenait également de la crasse noirceur des dessous de la cité.
Elle avait, pendant une courte période, connu les bas-fonds puants en dessous des immeubles flamboyant d’éclairages, et elle ne souhaitait pas particulièrement y retourner.
C’était pourtant là, dans un bouge infâme et crasseux où venaient se retrouver pêle-mêle les pires malfrats de Coruscant que la jeune zeltronne se tenait, cachée sous le couvert d’une table tandis que les coups de poings volaient entre les différentes factions présentent dans le bar.
Perdue dans les relents frelatés d’alcool de mauvaise qualité, de fumée âcre et d’adrénaline du combat, Ménoï s’émerveilla presque en voyant voltiger l’un des tabourets du bar, tournoyant légèrement dans la lumière crue des néons, emportant dans son élan des écharpes de fumée de bâton de mort.
Jusqu’au moment où il atterrit brutalement sur le dos robuste du sergent instructeur de son propre groupe de recrues, un zabrak à la peau claire parsemée de symboles géométriques, et qui était actuellement en train de distribuer les coups avec une vigueur tout à fait admirable !
Portée par la véhémence du soulèvement, l’ensemble des recrues de l’armées de la Nouvelle République se jetèrent comme un seul homme sur le duros jonglant avec les chaises et les tabourets lorsque leur zabrak de sergent tomba sous l’assaut du mobilier volant.
Amusant, songea la petite zeltronne, comme cet officier détesté de tout le monde en raison de sa sévérité prononcée, se voyait présentement défendus par l’ensemble (ou presque) des hommes qu’il avait martyrisés pendant une semaine.
En cause : l’alcool, les épaves droguées en face d’eux, et le besoin d’appartenance à un groupe !
La jeune femme aurait pu continuer l’analyse psychologique de la marée d’humain et de presque-humains qui se jetaient les uns sur les autres, si seulement elle ne souffrait pas tant du cocktail explosif de phéromones agressives qui gazait la pièce.
Traînant prudemment à quatre pattes malgré le sol crasseux en direction des toilettes (et laissant échapper un couinement indigné lorsqu’un malfrat qui se précipitait tomba sur elle), la jeune femme se refugia dans la pièce d’eau déserte, haletante.
Alors que les rugissements et les bruits de luttes étouffés par les murs carrelés lui parvenait encore, Ménoï passa ses deux mains sur son visage dans l’espoir de calmer son cœur battant la chamade.
Mais comment en était-on arrivé là ?
7h plus tôt…
Le ciel avait été lourd toute la matinée, d’un gris sombre et triste qui teintait la capitale d’un sentiment fade d’ennui et de désarroi, et au moment où les premières gouttes de pluie d’orage s’abattirent avec violence contre les bâtiments, les véhicules et les passants, il fut assez clair pour tout le monde que le mauvais temps s’installait pour tout le reste de la journée !
Des pluies diluviennes menées par un vent violent perturbaient fortement le trafic aérien omniprésent de la ville, et tout un chacun se pressait d’arriver le plus rapidement à destination, créant accident, embouteillage et mécontentement.
Il faisait rarement aussi mauvais sur la cité planète, le climat régis par une technologie de pointe qui tentait d’assurer les meilleures conditions de vie possible, et ce malgré le fait que la planète elle-même n’était rien d’autres qu’un cauchemar d’architectes à grande échelle, sans plus de place pour une quelconque agriculture.
Et évidemment, il fallait que ce soit ce jour-là, bien mouillé, bien venteux et bien froid, que le sergent-chef Takon, zabrak implacable et pince-sans-rire de son état, les envoyaient pour un entraînement sur le terrain, en immersion total dans Coruscant !
Le but poursuivit lors de ce test était simple : prouver leurs capacités à s’adapter à un nouveau terrain, montrer qu’ils étaient capables d’être indépendant et de se débrouiller seuls pendant quelques heures de crises, et plus simplement : de satisfaire les désirs sadiques de leur instructeur pas très apprécié.
Ils avaient été envoyés par petits groupes de deux ou trois, emmenés dans un des degrés inférieurs de la grande ville, là où se glissait le crime au milieu de la pauvreté, et devaient revenir par leur propre moyen jusqu’au centre de recrutement et de formation.
Ils n’avaient bien sûrs pas le droit d’emmener d’argent, ni d’utiliser leurs holo-com, à moins qu’il ne s’agisse d’une situation d’urgence absolue (ou ils étaient alors considérés comme disqualifié).
Takon ne leur avait accordé que deux heures pour parcourir la ville sans créer de vagues (bizarrement elle se senti spécifiquement visée lorsqu’il appuya son regard noir sur sa petite silhouette de zeltronne), ce qui était, tous les bleus en avaient parfaitement conscience, quasiment infaisable !
Ne pouvant cependant pas désobéir aux ordres directs d’un supérieur (aussi abusif soit-il), les recrues c’étaient retrouvées par grappes de trois, noyées sous le déluge d’eau froide qui imprégna leurs vêtements en moins de deux secondes, perdus au milieu de ruelles étroites où la seule lumière provenait d’enseignes lumineuses clignotantes d’échoppes de mauvaises qualités, ou de bars accueillant les crapules des bas-fonds.
Ménoï et les deux autres jeunes avec qui elle c’était retrouvée avaient peinés durant des heures laborieuses, trempés jusqu’aux os, arpentant le dédales sombres des couches architecturales les plus basses de la cité.
Demander leur chemin aux camelots où aux mendiants n’avaient pas été une option, les droïdes de maintien de l’ordre se trouvaient totalement absent de la zone, et les rues ne possédaient aucun nom, comme si même elles n’existaient plus sur aucun cadastre !
Lorsqu’ils étaient finalement revenus à la base, au point de rendez-vous, quelques quatre heures plus tard, ils étaient tous usés et épuisés, tremblotants de froid, et méconnaissables !
La jeune fille c’était retrouvée avec les doigts gourds et sa peau était marbrée mauve et rose, ses lèvres d’ordinaires souriantes et d’un magenta foncé paraissaient bleues tant elle se trouvait gelées, et ses longs cheveux pourpres pendaient en filament le long de son visage plein de chair de poule, malgré la capuche noire détrempée qu’elle portait encore !
Elle ne souhaitait que prendre une douche, se vêtir d’habits propres et secs, et se rouler en boule au fond de sa couchette.
Malheureusement, bien que le sentiment ait été partagé par beaucoup, le sergent-instructeur Takon ne permit à personne de se faufiler dans leur dortoir tant que tout le monde n’était pas revenu !
Alors ils ont tous attendus dans le hall, soufflant sur leurs mains glacées ou tentant d’essuyer leur visage dans leurs vêtements encore plus trempés, maudissant les retardataires qui les empêchaient d’aller boire un café chaud et de prendre un repos bien mérité !
Trois heures plus tard, la majorité des participant étaient rentrés, ou avaient craqué et appelé à l’aide.
Il semblait manquer une personne, quelqu’un qui ne répondait pas à l’appel.
Le sergent Takon ordonna qu’on utilise sa communication pour retrouver l’ennuyeux imbécile qui c’était perdu dans Coruscant, mais après plusieurs tentatives infructueuses, un poids s’installa péniblement sur les épaules de leur instructeur.
Ils avaient perdu quelqu’un !
La recherche avait été lancé : le zabrak massif qui était leur responsable désigna quelques malchanceux pour venir avec lui sur le terrain écumer les quartiers chauds.
Tandis que d’autres, restant au centre de formation, devaient discrètement tenir les communications entre les groupes sur le terrain.
Pour le moment, le sergent-instructeur Takon préférait que l’affaire reste entre eux tous, qu’aucuns supérieurs ne soient au courant de ce manquement…
Alors ils étaient tous retourné dans la fange la plus crasse sur laquelle reposait les grands et beaux hôtels de Coruscant.
Ils avaient erré, cherché, tourné en rond, le tout mené à pas de course sous la pluie par le zabrak qui les dirigeait.
A un moment, sous l’importance des précipitations et le manque de résultats positifs, Takon fut contraint d’abandonner les recherches. Rassemblant ses recrues délavées par les pluies et le vent violent, il décida qu’il valait mieux s’abriter rapidement car le chemin vers le centre de formation serait trop long.
Alors ils sont tous rentrés dans un petit bar aux allures malfamées, celui-là -même dans lequel Ménoï se trouvait actuellement…
A présent…
Il y avait beaucoup de bruit de l’autre côté de la porte des toilettes du bar.
Un mélange entre des cris, des chocs, des coups, à nouveau des cris, et puis par-dessus tout cela, une musique pop assez entraînante très rythmée, dont les basses semblaient insuffler encore un peu plus d’adrénaline aux différents participants de la bagarre.
La jeune zeltronne avait espéré qu’en allumant le vieux jukebox, la musique suffirait à faire diversion et arrêter (ou au moins ralentir) le combat en cours.
Un bruit sourd retenti comme si quelque chose de lourd venait d’atterrir contre le mur de l’autre côté du bar et Ménoï sursauta, complètement dépassée par la rapidité à laquelle la violence avait explosé.
Elle avait elle-même essayé de défendre quelque chose ou quelqu’un dans l’accrochage, saisissant une chaise en espérant l’envoyer valser dans le dos d’un des duros bien imbibés d’alcool qui attaquaient ses compagnons d’arme, mais la chaise avait été boulonné au sol.
La jeune femme avait finalement décidé de se mettre à l’écart de l’affrontement lorsqu’une bouteille jetée par le barman vociférant passa un peu trop prêt de sa tête.
Il y a peu de temps…
Ménoï et les autres recrues, menées par leur sergent-instructeur, étaient rentrés, trempés comme des soupes, dans le petit établissement minable.
Frigorifiés comme ils l’étaient tous, les vêtements mouillés et les bottes pleines d’eau, ils étaient tous assez heureux de pouvoir s’arrêter un instant dans un endroit sec et chauffé, quand bien même il s’agissait d’un repaire de crapules ivrognes !
Le zabrak à leur tête les fit s’asseoir en cercle autour de deux tables vides réunis, appelant à la concertation.
Le presque humain avait perdu un peu de sa superbe, tant par les conditions météorologiques que par l’angoisse d’avoir réellement perdu une des nouvelles recrues (il avait le droit à 5% de perte, mais quand même).
-« On a toujours pas de nouvelle du centre ?
-J’ai bien peur que non sergent.
-Vous avez essayé de rappeler ?
-Oui sergent !
-Et alors ?
-Rien ! pas même de sonnerie… »
Takon soupira, et quelques par à la table en face de lui, le visage toujours profondément enfoui sous sa capuche trempée, Ménoï se senti vaguement sympathique envers le zabrak.
- « …Ca veut dire que soit l’holo-com est éteint, soit détruit… reprit le sergent d’une voix fatiguée.
Au bout d’un moment de silence, où seul le bavardage chuinté d’un groupe de duros saouls jouant au sabacc quelque part derrière eux, Takon décida de prendre un petit remontant.
Impossible de savoir si c’était à cause de la difficile décision qu’il devait prendre d’avertir ses supérieurs (ce qui aurait entaché son dossier militaire jusque là parfait dans les moindre détails) ou à cause du regard sale que leur jetait le serveur depuis qu’ils avaient salaupé le sol déjà moisi de son établissement.
Une fois que les verres furent servis et récupérés au comptoir, et que le sergent Takon eut vidé le sien d’une traite, quelqu’un osa demander d’une petite voix :
-« Y s’appelle comment déjà, celui qu’on recherche depuis des plombs ? »
Le sergent sorti son holopad, recherchant un dossier en particulier, puis lu à voix haute :
-« Ménoï Vashins. La zeltronne s’appelle Ménoï Vashins …
-Bah ! C’est moi ça ! s’exclama une petite voix féminine. Et je ne suis pas perdue, je vous suis depuis le début !
Plusieurs paires de regards noirs se tournèrent d’un seul coup vers la jeune zeltronne, avec une certaine dose d’animosité, et le changement soudain d’ambiance la pris au dépourvu.
Ménoï ne puis s’empêcher de déglutir nerveusement lorsque, après que son voisin de table eu tiré sa capuche de sa tête, révélant son visage aux lèvres encore bleutées de froid et ses cheveux dégoulinant d’eau, le sergent-instructeur Takon serra son verre tellement fort qu’il le fit exploser dans sa poigne.
Présentement :
Le bris de verre qui venait d’éclater quelque par dans la salle principale du bar rappela vaguement à la zeltronne le crissement plaintif de celui que le zabrak avait explosé entre ses doigts forts.
Quelque part au fond d’elle-même, Ménoï avait bien senti que c’était à ce moment là que les choses avaient commencé à tourner au vinaigre.
D’accord, d’accord, peut être qu’elle aurait pu être un chouia plus attentif lors des appels une fois qu’ils furent tous rentrer de la mission stupide et désagréable dans laquelle leur sergent-instructeur les avaient envoyés.
Et peut être aussi qu’elle aurait pu elle-même demander bien avant qui est ce qu’on recherchait aussi activement !
Mais peut être que les autres aussi (surtout un certains zabrak antipathique) aurait pu faire plus attention !
Zut, elle était restée collée à eux pendant des heures, cherchant avec détermination quelqu’un qui, visiblement, n’avait été autre qu’elle-même…
D’accord elle n’avait pas répondu à son holo-com, mais Takon ne leur avait pas précisé qu’ils avaient le droit de l’utiliser, aussi l’avait-elle laissé éteint, quelque pas dans une de ses poches.
La colère sourde en provenance de ses coéquipiers et du sergent Takon l’avait écrasé, et la jeune femme n’avait pas su s’il avait mieux valu traduire le regard du zabrak comme « je vais faire en sorte que vous soyez de corvée de latrine jusqu’à la fin de votre vie » ou « je vais faire un bain dans votre sang ! ».
Toujours est-il que la bagarre dans le bar entre son sergent et un des duros jouant au sabacc avait fait une sacrée bonne diversion (reculer jusqu’à tomber sur le plateau de jeux ,en cour-circuitant l’électronique usagé de la chose à cause de l’eau de sa tignasse et de ses vêtements).
L’humeur massacrant de Takon c’était alors tourné vers l’humanoïde bourré lorsque ce dernier avait commencé à les insulter tous les deux.
Malheureusement, lorsque le zabrak avait commencé à répliquer quelque chose d’aussi inexacte que « face de sauterelle », Ménoï n’avait pas pu s’empêcher de le corriger.
Le nom vernaculaire de « sauterelle » n’était, en effet, pas très adéquat dans la situation, vue que ces dernières, appartenant à la superfamille des Tettigonioidea, ne pouvait se prétendre être la branche dont descendaient les ancêtres des duros. En effet, parmi tous les arguments qui réfuteraient une telle aberration, Ménoï choisi d’illustrer le fait que, contrairement au sous-ordre des Ensifera, qui appartient à Tettigonioidea, les duros n’avaient pas reçu de structure évolutive telle que le fait de se retrouver avec leur système auditif sur les tibias, comme « les sauterelles ».
Bizarrement, alors que les joueurs de sabacc avaient assez bien supporté de se faire traiter de sauterelle, le mot Tettigoniodea ne leur a pas plut !
A moins que ce soit l’idée d’avoir des tympans sur les jambes, elle n’était pas sûre…
Toujours est-il que la situation avait à partir de là rapidement dégénérée, prenant une ampleur incroyable !
Deux clans principaux c’étaient formés rapidement : d’un côté les duros puant l’alcool, et de l’autres les recrues de l’armée de la Nouvelle République encore dégoulinantes d’eau.
Quelque part au milieu du chaos, Ménoï était cependant heureuse de constater que personne n'avait eu le temps de tirer un blaster, préférant la force brute et l'envoie de mobilier.
Alors qu’une énième bouteille se brisait quelque part dans la salle d’à côté, Ménoï se regarda dans le miroir souillé en face d’elle.
Il allait falloir qu’elle trouve une diversion à sa propre diversion, et elle n’avait absolument aucune idée de comment faire !
Ménoï se souvenait bien d’avoir aperçu, par l’un des hublots du transport de troupes par lequel elle revenait à la planète, les lumières scintillantes de l’urbanisme exponentiel tracer d’élégantes formes géométriques.
Malgré la beauté rutilante de la mégapole sous ses feux infinis de lampions orangés, de néons multicolores, de nombreuses fenêtres des grands ensembles illuminées de jour comme de nuit, d’immenses holo-publicitaires mangeant parfois des façades entières de grands immeubles et hôtels particuliers de luxes ; La jeune zeltronne se souvenait également de la crasse noirceur des dessous de la cité.
Elle avait, pendant une courte période, connu les bas-fonds puants en dessous des immeubles flamboyant d’éclairages, et elle ne souhaitait pas particulièrement y retourner.
C’était pourtant là, dans un bouge infâme et crasseux où venaient se retrouver pêle-mêle les pires malfrats de Coruscant que la jeune zeltronne se tenait, cachée sous le couvert d’une table tandis que les coups de poings volaient entre les différentes factions présentent dans le bar.
Perdue dans les relents frelatés d’alcool de mauvaise qualité, de fumée âcre et d’adrénaline du combat, Ménoï s’émerveilla presque en voyant voltiger l’un des tabourets du bar, tournoyant légèrement dans la lumière crue des néons, emportant dans son élan des écharpes de fumée de bâton de mort.
Jusqu’au moment où il atterrit brutalement sur le dos robuste du sergent instructeur de son propre groupe de recrues, un zabrak à la peau claire parsemée de symboles géométriques, et qui était actuellement en train de distribuer les coups avec une vigueur tout à fait admirable !
Portée par la véhémence du soulèvement, l’ensemble des recrues de l’armées de la Nouvelle République se jetèrent comme un seul homme sur le duros jonglant avec les chaises et les tabourets lorsque leur zabrak de sergent tomba sous l’assaut du mobilier volant.
Amusant, songea la petite zeltronne, comme cet officier détesté de tout le monde en raison de sa sévérité prononcée, se voyait présentement défendus par l’ensemble (ou presque) des hommes qu’il avait martyrisés pendant une semaine.
En cause : l’alcool, les épaves droguées en face d’eux, et le besoin d’appartenance à un groupe !
La jeune femme aurait pu continuer l’analyse psychologique de la marée d’humain et de presque-humains qui se jetaient les uns sur les autres, si seulement elle ne souffrait pas tant du cocktail explosif de phéromones agressives qui gazait la pièce.
Traînant prudemment à quatre pattes malgré le sol crasseux en direction des toilettes (et laissant échapper un couinement indigné lorsqu’un malfrat qui se précipitait tomba sur elle), la jeune femme se refugia dans la pièce d’eau déserte, haletante.
Alors que les rugissements et les bruits de luttes étouffés par les murs carrelés lui parvenait encore, Ménoï passa ses deux mains sur son visage dans l’espoir de calmer son cœur battant la chamade.
Mais comment en était-on arrivé là ?
7h plus tôt…
Le ciel avait été lourd toute la matinée, d’un gris sombre et triste qui teintait la capitale d’un sentiment fade d’ennui et de désarroi, et au moment où les premières gouttes de pluie d’orage s’abattirent avec violence contre les bâtiments, les véhicules et les passants, il fut assez clair pour tout le monde que le mauvais temps s’installait pour tout le reste de la journée !
Des pluies diluviennes menées par un vent violent perturbaient fortement le trafic aérien omniprésent de la ville, et tout un chacun se pressait d’arriver le plus rapidement à destination, créant accident, embouteillage et mécontentement.
Il faisait rarement aussi mauvais sur la cité planète, le climat régis par une technologie de pointe qui tentait d’assurer les meilleures conditions de vie possible, et ce malgré le fait que la planète elle-même n’était rien d’autres qu’un cauchemar d’architectes à grande échelle, sans plus de place pour une quelconque agriculture.
Et évidemment, il fallait que ce soit ce jour-là, bien mouillé, bien venteux et bien froid, que le sergent-chef Takon, zabrak implacable et pince-sans-rire de son état, les envoyaient pour un entraînement sur le terrain, en immersion total dans Coruscant !
Le but poursuivit lors de ce test était simple : prouver leurs capacités à s’adapter à un nouveau terrain, montrer qu’ils étaient capables d’être indépendant et de se débrouiller seuls pendant quelques heures de crises, et plus simplement : de satisfaire les désirs sadiques de leur instructeur pas très apprécié.
Ils avaient été envoyés par petits groupes de deux ou trois, emmenés dans un des degrés inférieurs de la grande ville, là où se glissait le crime au milieu de la pauvreté, et devaient revenir par leur propre moyen jusqu’au centre de recrutement et de formation.
Ils n’avaient bien sûrs pas le droit d’emmener d’argent, ni d’utiliser leurs holo-com, à moins qu’il ne s’agisse d’une situation d’urgence absolue (ou ils étaient alors considérés comme disqualifié).
Takon ne leur avait accordé que deux heures pour parcourir la ville sans créer de vagues (bizarrement elle se senti spécifiquement visée lorsqu’il appuya son regard noir sur sa petite silhouette de zeltronne), ce qui était, tous les bleus en avaient parfaitement conscience, quasiment infaisable !
Ne pouvant cependant pas désobéir aux ordres directs d’un supérieur (aussi abusif soit-il), les recrues c’étaient retrouvées par grappes de trois, noyées sous le déluge d’eau froide qui imprégna leurs vêtements en moins de deux secondes, perdus au milieu de ruelles étroites où la seule lumière provenait d’enseignes lumineuses clignotantes d’échoppes de mauvaises qualités, ou de bars accueillant les crapules des bas-fonds.
Ménoï et les deux autres jeunes avec qui elle c’était retrouvée avaient peinés durant des heures laborieuses, trempés jusqu’aux os, arpentant le dédales sombres des couches architecturales les plus basses de la cité.
Demander leur chemin aux camelots où aux mendiants n’avaient pas été une option, les droïdes de maintien de l’ordre se trouvaient totalement absent de la zone, et les rues ne possédaient aucun nom, comme si même elles n’existaient plus sur aucun cadastre !
Lorsqu’ils étaient finalement revenus à la base, au point de rendez-vous, quelques quatre heures plus tard, ils étaient tous usés et épuisés, tremblotants de froid, et méconnaissables !
La jeune fille c’était retrouvée avec les doigts gourds et sa peau était marbrée mauve et rose, ses lèvres d’ordinaires souriantes et d’un magenta foncé paraissaient bleues tant elle se trouvait gelées, et ses longs cheveux pourpres pendaient en filament le long de son visage plein de chair de poule, malgré la capuche noire détrempée qu’elle portait encore !
Elle ne souhaitait que prendre une douche, se vêtir d’habits propres et secs, et se rouler en boule au fond de sa couchette.
Malheureusement, bien que le sentiment ait été partagé par beaucoup, le sergent-instructeur Takon ne permit à personne de se faufiler dans leur dortoir tant que tout le monde n’était pas revenu !
Alors ils ont tous attendus dans le hall, soufflant sur leurs mains glacées ou tentant d’essuyer leur visage dans leurs vêtements encore plus trempés, maudissant les retardataires qui les empêchaient d’aller boire un café chaud et de prendre un repos bien mérité !
Trois heures plus tard, la majorité des participant étaient rentrés, ou avaient craqué et appelé à l’aide.
Il semblait manquer une personne, quelqu’un qui ne répondait pas à l’appel.
Le sergent Takon ordonna qu’on utilise sa communication pour retrouver l’ennuyeux imbécile qui c’était perdu dans Coruscant, mais après plusieurs tentatives infructueuses, un poids s’installa péniblement sur les épaules de leur instructeur.
Ils avaient perdu quelqu’un !
La recherche avait été lancé : le zabrak massif qui était leur responsable désigna quelques malchanceux pour venir avec lui sur le terrain écumer les quartiers chauds.
Tandis que d’autres, restant au centre de formation, devaient discrètement tenir les communications entre les groupes sur le terrain.
Pour le moment, le sergent-instructeur Takon préférait que l’affaire reste entre eux tous, qu’aucuns supérieurs ne soient au courant de ce manquement…
Alors ils étaient tous retourné dans la fange la plus crasse sur laquelle reposait les grands et beaux hôtels de Coruscant.
Ils avaient erré, cherché, tourné en rond, le tout mené à pas de course sous la pluie par le zabrak qui les dirigeait.
A un moment, sous l’importance des précipitations et le manque de résultats positifs, Takon fut contraint d’abandonner les recherches. Rassemblant ses recrues délavées par les pluies et le vent violent, il décida qu’il valait mieux s’abriter rapidement car le chemin vers le centre de formation serait trop long.
Alors ils sont tous rentrés dans un petit bar aux allures malfamées, celui-là -même dans lequel Ménoï se trouvait actuellement…
A présent…
Il y avait beaucoup de bruit de l’autre côté de la porte des toilettes du bar.
Un mélange entre des cris, des chocs, des coups, à nouveau des cris, et puis par-dessus tout cela, une musique pop assez entraînante très rythmée, dont les basses semblaient insuffler encore un peu plus d’adrénaline aux différents participants de la bagarre.
La jeune zeltronne avait espéré qu’en allumant le vieux jukebox, la musique suffirait à faire diversion et arrêter (ou au moins ralentir) le combat en cours.
Un bruit sourd retenti comme si quelque chose de lourd venait d’atterrir contre le mur de l’autre côté du bar et Ménoï sursauta, complètement dépassée par la rapidité à laquelle la violence avait explosé.
Elle avait elle-même essayé de défendre quelque chose ou quelqu’un dans l’accrochage, saisissant une chaise en espérant l’envoyer valser dans le dos d’un des duros bien imbibés d’alcool qui attaquaient ses compagnons d’arme, mais la chaise avait été boulonné au sol.
La jeune femme avait finalement décidé de se mettre à l’écart de l’affrontement lorsqu’une bouteille jetée par le barman vociférant passa un peu trop prêt de sa tête.
Il y a peu de temps…
Ménoï et les autres recrues, menées par leur sergent-instructeur, étaient rentrés, trempés comme des soupes, dans le petit établissement minable.
Frigorifiés comme ils l’étaient tous, les vêtements mouillés et les bottes pleines d’eau, ils étaient tous assez heureux de pouvoir s’arrêter un instant dans un endroit sec et chauffé, quand bien même il s’agissait d’un repaire de crapules ivrognes !
Le zabrak à leur tête les fit s’asseoir en cercle autour de deux tables vides réunis, appelant à la concertation.
Le presque humain avait perdu un peu de sa superbe, tant par les conditions météorologiques que par l’angoisse d’avoir réellement perdu une des nouvelles recrues (il avait le droit à 5% de perte, mais quand même).
-« On a toujours pas de nouvelle du centre ?
-J’ai bien peur que non sergent.
-Vous avez essayé de rappeler ?
-Oui sergent !
-Et alors ?
-Rien ! pas même de sonnerie… »
Takon soupira, et quelques par à la table en face de lui, le visage toujours profondément enfoui sous sa capuche trempée, Ménoï se senti vaguement sympathique envers le zabrak.
- « …Ca veut dire que soit l’holo-com est éteint, soit détruit… reprit le sergent d’une voix fatiguée.
Au bout d’un moment de silence, où seul le bavardage chuinté d’un groupe de duros saouls jouant au sabacc quelque part derrière eux, Takon décida de prendre un petit remontant.
Impossible de savoir si c’était à cause de la difficile décision qu’il devait prendre d’avertir ses supérieurs (ce qui aurait entaché son dossier militaire jusque là parfait dans les moindre détails) ou à cause du regard sale que leur jetait le serveur depuis qu’ils avaient salaupé le sol déjà moisi de son établissement.
Une fois que les verres furent servis et récupérés au comptoir, et que le sergent Takon eut vidé le sien d’une traite, quelqu’un osa demander d’une petite voix :
-« Y s’appelle comment déjà, celui qu’on recherche depuis des plombs ? »
Le sergent sorti son holopad, recherchant un dossier en particulier, puis lu à voix haute :
-« Ménoï Vashins. La zeltronne s’appelle Ménoï Vashins …
-Bah ! C’est moi ça ! s’exclama une petite voix féminine. Et je ne suis pas perdue, je vous suis depuis le début !
Plusieurs paires de regards noirs se tournèrent d’un seul coup vers la jeune zeltronne, avec une certaine dose d’animosité, et le changement soudain d’ambiance la pris au dépourvu.
Ménoï ne puis s’empêcher de déglutir nerveusement lorsque, après que son voisin de table eu tiré sa capuche de sa tête, révélant son visage aux lèvres encore bleutées de froid et ses cheveux dégoulinant d’eau, le sergent-instructeur Takon serra son verre tellement fort qu’il le fit exploser dans sa poigne.
Présentement :
Le bris de verre qui venait d’éclater quelque par dans la salle principale du bar rappela vaguement à la zeltronne le crissement plaintif de celui que le zabrak avait explosé entre ses doigts forts.
Quelque part au fond d’elle-même, Ménoï avait bien senti que c’était à ce moment là que les choses avaient commencé à tourner au vinaigre.
D’accord, d’accord, peut être qu’elle aurait pu être un chouia plus attentif lors des appels une fois qu’ils furent tous rentrer de la mission stupide et désagréable dans laquelle leur sergent-instructeur les avaient envoyés.
Et peut être aussi qu’elle aurait pu elle-même demander bien avant qui est ce qu’on recherchait aussi activement !
Mais peut être que les autres aussi (surtout un certains zabrak antipathique) aurait pu faire plus attention !
Zut, elle était restée collée à eux pendant des heures, cherchant avec détermination quelqu’un qui, visiblement, n’avait été autre qu’elle-même…
D’accord elle n’avait pas répondu à son holo-com, mais Takon ne leur avait pas précisé qu’ils avaient le droit de l’utiliser, aussi l’avait-elle laissé éteint, quelque pas dans une de ses poches.
La colère sourde en provenance de ses coéquipiers et du sergent Takon l’avait écrasé, et la jeune femme n’avait pas su s’il avait mieux valu traduire le regard du zabrak comme « je vais faire en sorte que vous soyez de corvée de latrine jusqu’à la fin de votre vie » ou « je vais faire un bain dans votre sang ! ».
Toujours est-il que la bagarre dans le bar entre son sergent et un des duros jouant au sabacc avait fait une sacrée bonne diversion (reculer jusqu’à tomber sur le plateau de jeux ,en cour-circuitant l’électronique usagé de la chose à cause de l’eau de sa tignasse et de ses vêtements).
L’humeur massacrant de Takon c’était alors tourné vers l’humanoïde bourré lorsque ce dernier avait commencé à les insulter tous les deux.
Malheureusement, lorsque le zabrak avait commencé à répliquer quelque chose d’aussi inexacte que « face de sauterelle », Ménoï n’avait pas pu s’empêcher de le corriger.
Le nom vernaculaire de « sauterelle » n’était, en effet, pas très adéquat dans la situation, vue que ces dernières, appartenant à la superfamille des Tettigonioidea, ne pouvait se prétendre être la branche dont descendaient les ancêtres des duros. En effet, parmi tous les arguments qui réfuteraient une telle aberration, Ménoï choisi d’illustrer le fait que, contrairement au sous-ordre des Ensifera, qui appartient à Tettigonioidea, les duros n’avaient pas reçu de structure évolutive telle que le fait de se retrouver avec leur système auditif sur les tibias, comme « les sauterelles ».
Bizarrement, alors que les joueurs de sabacc avaient assez bien supporté de se faire traiter de sauterelle, le mot Tettigoniodea ne leur a pas plut !
A moins que ce soit l’idée d’avoir des tympans sur les jambes, elle n’était pas sûre…
Toujours est-il que la situation avait à partir de là rapidement dégénérée, prenant une ampleur incroyable !
Deux clans principaux c’étaient formés rapidement : d’un côté les duros puant l’alcool, et de l’autres les recrues de l’armée de la Nouvelle République encore dégoulinantes d’eau.
Quelque part au milieu du chaos, Ménoï était cependant heureuse de constater que personne n'avait eu le temps de tirer un blaster, préférant la force brute et l'envoie de mobilier.
Alors qu’une énième bouteille se brisait quelque part dans la salle d’à côté, Ménoï se regarda dans le miroir souillé en face d’elle.
Il allait falloir qu’elle trouve une diversion à sa propre diversion, et elle n’avait absolument aucune idée de comment faire !