L'Astre Tyran

[Feyet Kiez]

Ah Merisee.

Belle planète agricole évoluée mais pas trop. Afin de se familiariser à son sujet d'étude, Feyet Kiez aimait à se plonger dans l'univers auquel il serait confronté. Une étude approfondie d'un environnement était souvent source de connaissance sur celui qui l'habitait. Dana Rangre n'habitait pas sur Merisee, ou plutôt plus. Cependant, elle y avait vécu un bon moment, et après avoir passé les deux derniers jours à vivre dans une bulle "Elrood", le Haut Amiral Impérial était désormais en train de s'imprégner de la culture "Merisee".

Aussi, quand il contacta officiellement Dana Rangre alors qu'elle était censée justement, selon le nouveau chef des Renseignements Impériaux se trouver dans sa demeure sur Merisee, Feyet avait sur un grand holo devant lui une image de ce que pouvait voir la Dirigeante d'Elrood, et d'autres choses, en se promenant sur les bords du fleuve près de chez elle au crépuscule au printemps. Et il était tout juste dix-neuf heures sur Merisee en ce jour. Le soleil semblait s'épuisait de sa folle journée, et retombait doucement dans les profondeurs du monde.

Bonsoir, ici le Haut-Amiral Feyet Kiez, Grand Moff du Sur-Secteur de l'Empire de Zsinj. J'aimerais m'entretenir avec Dame Dana Rangre, Dirigeante de la Fédération D'eskiyrt. Merci d'avance.

Puis il attendit, patiemment, en scrutant le paysage atypique qui s'offrait à lui.

[Dana Rangre]

« Dana ! Dana ! »

C'était Kim qui courait dans le couloir du palais Gouvernemental pour rattraper la Sultane qui partait l'on ne savait trop où. Elle avait du travail, et elle ne partirait certainement pas à 19h ce soir-là. Beaucoup de choses étaient en préparation, et beaucoup de choses devaient être faites ce soir même.
L'interpelée se retourna, des dossiers et un datapad dans les bras, un crayon dans la bouche, et lança un regard interrogatif à la porte-parole Fédérale.

« Une communication entrante demande à te parler ... »

Froncement de sourcils de la part de la Dame Blanche. Et alors ?

« Kim, je dois finir ces dossiers et préparer la suite des évènements, je n'ai pas besoin d'être dérangée. Dis à la personne concernée qui le secrétariat rappellera plus tard. »

Avouez qu'une secrétaire appelant un Grand Moff pour lui dire de rappeler ultérieurement peut être sympathique.

« Non Dana ... Non, il s'agit du Haut-Amiral Feyet Kiez, Gr... »

Demi-tours de la dirigeante vers la salle des projections holographiques.

« Grand Moff du Sur-Secteur de l'Empire de Zsinj, je sais. C'est dans cette région que se trouve Bandomeer. Sait-on d'où vient la communication ? Contacte la station Creed qu'ils procèdent à des scans répétés d'entrés dans le système planétaire. Préviens les Shells pour l'ensemble de l'Espace Fédéral, on ne sait jamais. Je vais voir ce que veut ce Grand Moff. 
Ah, et préviens également Sara. »

---

Dana était arrivée calmement dans la salle et, après avoir déposé les dossiers sur une table non loin, elle activa la projection.

« Grand Moff Feyet Kiez, c'est un honneur de faire enfin votre connaissance. En quoi puis-je vous être utile en cette belle soirée ? »

Le ton n'était pas froid. Pas chaud. Pas de sarcasme, rien. De la neutralité avec une touche d'interrogation. Mais intérieurement, les questions fusaient.

[John Emsar]

[table align="left" border="0"]« [font=Lucida Fax]Relâchez-le après lui avoir fait payer une amende forfaitaire. Ce n'est qu'un vol à l'étalage, il n'a tué personne après tout, rien de gravissime. Bien sûr, au plaisir. Au revoir brigadier.[/font] » [/table]

Sara éteignit son BBC MultiNoeud en soupirant. Dans ses instants de repos entre des dossiers importants, on trouvait encore le moyen de la perturber en lui demandant comment régler des situations gérables par des QI supérieurs à 75 points. Formidables pauses. Elle soupira à nouveau et entreprit de faire le tour de son bureau. Pour des raisons pratiques, elle travaillait surtout sur Aluuvia, planète aquatique, et son bureau était, comme sa chambre et celles de ses amis, immergé. Des poissons passaient ça et là, passant dans les halos des projecteurs étanches chargés de maintenir à l'écart les prédateurs qui avaient peur des lumières.

Il était étonnant de constater que les plus téméraires restaient les poissons inoffensifs. Et quand bien même, il y avait assez de couches de transparacier blindé pour arrêter la charge d'un Monstre Sando de Naboo.

Son Comlink sonna à nouveau, et elle porta le bracelet à sa bouche. C'était Kim Try, amie de Dana et une homologue conseillère. La situation serait sûrement plus... nécessitante...

[table align="left" border="0"]« [font=Lucida Fax]Kim ? Comment vas-tu ? Que me vaut ce plaisir ?[/font] » [/table]

Ce n'était pas ironique, elle n'avait pas prise à part Kim depuis belle lurette déjà. Mais visiblement, la situation, sans être grave pour le moment était... préoccupante.

Feyet Kiez, celui qui avait "banni" John de Bandomeer, frappait à la porte d'Elrood. Sara commença à angoisser. Et s'il venait pour moi ? A travers Sara il pourrait atteindre John comme personne ne pouvait le faire.

Non, il n'est pas stupide. John mettrait Serenno, l'Empire de Zsinj et même l'Empire tout entier à feu et à sang pour se venger. Mais alors pourquoi était-il ici bon sang ???

[table align="left" border="0"]« [font=Lucida Fax]J'arrive aussi vite que possible ! Dis à Dana de ne pas m'attendre ! Je serais sur place dans une poignée d'heures ![/font] » [/table]

Et avant que Kim ne réponde, elle fonça vers la porte, abandonnant ses affaires et ses dossiers en cours, ne prenant pas la peine de vérifier que le verrou automatique s'était enclenché derrière elle.

---

Prendre un Bongo et une navette personnelle restait relativement rapide, après venait le voyage durant lequel elle angoissa encore plus, prévenant tout le monde et s'enquérant de la situation toutes les minutes auprès de son escorte Coynite, qui commençaient à s'agacer. Seul leur chef, un sergent massif aux allures de Vétéra, bourru mais charmant, tentait de la rassurer en gardant un sang-froid implacable.

Enfin elle arriva sur Merisee. Elle ne perdit pas de temps, protocoles, codes de sécurité, un bonjour très furtif aux gardes en faction, elle fonçait droit vers la salle de projection. Arrivée devant, elle prit trois grandes inspirations et, une fois sereine d'apparence, posa la min sur la poignée. Puis elle eut une nausée incontrôlée et faillit vomir. Dans son état, mieux valait qu'elle ne se brusque pas. Elle reprit son souffle et entra d'un pas décidé mais calme, faisant le moins de bruit possible. En 3 heures, on avait plus pensé à sécuriser le tout qu'à ne pas chercher à faire attendre le Grand Moff. Aussi Sara arrivait-elle juste à temps.

[table align="left" border="0"]« [font=Lucida Fax]Dana ! J'ai fait aussi vite que... possible... J'ai la tête qui tourne... où est Kiez ?[/font] » [/table]

Qu'importe que sa tête tourne ou non, il fallait savoir ce qu'il venait faire ici.

[Feyet Kiez]

Alors qu'il venait d'envoyer son message, Kiez se vit répondre que l'on contactait la présidente aussi rapidement que possible. Vu l'effet que ça avait du causé dans la tête des fédérés, il risquait d'attendre un bon quart d'heure, au minimum. Fixant toujours le paysage Meriseen, Feyet tâtonna avec sa main droite en bas de son siège pour tenter d'attraper ce qu'il voulait observer une dernière fois. Gros et abîmé, il n'en restait pas moins un des objets les plus intéressants de la longue collection du bourru militaire. Il le manipula avec précaution, et perdit son esprit quelques minutes à l'intérieur des reflets de la lumière tempérée projetée sur les arêtes usées.

Décidément, je ne pensais pas que vous seriez aussi passionné par tout cela, monsieur.

Sans quitter des yeux l'objet, Kiez répondit à son second qu'il n'avait pas entendu entrer.

Moi non plus Lloyd. Cependant, j'y retrouve chaque fois un fragment de ma vie. Expérience assez indélébile pour dire vrai. Cela restera probablement ma plus grande faiblesse, de souhaiter toujours comprendre mieux, de savoir, analyser. Mais c'est aussi le meilleur moyen de vaincre.

Qui connaît l’autre et se connaît lui-même, peut livrer cent batailles sans jamais être en péril.

Lloyd sourit devant la pertinence de la phrase. Il était absolument admiratif de son maître. Il lui semblait qu'il n'atteindrait jamais la sagesse de Kiez.

C'est de vous, monsieur?

Cette fois, ce fut Kiez qui sourit, entre amusement et tristesse.

J'aimerais bien, Philéas... Cela fait partie des fragments retrouvés d'un général Rakata. Un essai sur la stratégie et la tactique. Je dois l'avoir là.

Kiez se leva d'un bond, en manquant de faire tomber ce qu'il tenait. Se ressaisissant, il l'agrippa et une fois assuré qu'il l'avait bien en main, le posa sur une console faite sur Dac. Puis il activa une commande sur son bureau, et les murs de chaque côté de la pièce se détachèrent de leurs accroches pour laisser apparaître des rangements, pleins et mal ordonnés. Entre livres, holodisques, carte de données, il y avait bien plusieurs milliers d'archives qui trônaient là, sur plus de vingt-cinq mètres de long par quatre mètres de hauteur. Cependant, malgré un ordre très relatif, chaque archive contenait une puce, qui permettait à Kiez, en tapant sur son datapad des critères de recherche, de situer ce qu'il cherchait. En une dizaine de secondes il mit la main sur un holodisque qui, selon Lloyd, vu l'état, devait probablement dater de la guerre noire, si ce n'était plus.

Il le prit avec soin et le regarda, comme pour le décrypter des yeux, bien que simplement observer un holodisque ne servait strictement à rien, si ce n'était analyser le taux de poussière déposée sur l'étui. En effet, on avait pas encore inventer les yeux bioniques permettant de lire des couches de données... Le tout nouvel Amiral semblait ému.

Merci beaucoup monsieur, je le lirais avec plaisir.

Le rangeant dans la poche intérieure gauche de son uniforme, il demanda encore.

Je voulais savoir, pour Rangre. Vous avez déjà un plan ou vous improvisez au fur et à mesure?

Ce à quoi Feyet lui répondit d'un immense sourire sans mot dire. Bien sûr qu'il avait un plan. Mais tu n'en sauras pas plus, petit malin.

Pour le moment, j'espère surtout ne pas passer la nuit ici. Il serait temps qu'ils répondent.

---

Un quart d'heure plus tard encore, et alors que Kiez commençait à s'impatienter, et que Lloyd tentait de fouiner dans la bibliothèque encore découverte des informations intéressantes, la communication se réactiva, avec Dana Rangre en personne de l'autre côté.

« Grand Moff Feyet Kiez, c'est un honneur de faire enfin votre connaissance. En quoi puis-je vous être utile en cette belle soirée ? »

Pour tout vous dire, il est seize heures sur Serenno, mais je ne doute pas que la soirée soit belle chez vous, bien au contraire. Je vous contacte afin de convenir d'une entrevue... disons... neutre pour ne pas dire amicale, ce qui serait exagéré. La question est : à quoi nous servirait-il de nous rencontrer autour d'un cocktail, dans des fauteuils rembourrés? Disons tout simplement qu'il est temps de parler du futur, maintenant que vous n'êtes plus seule.

La question que devait se poser Dana était surtout comment. Comment savait-il? Ou alors elle le savait déjà, et ça n'avait pas d'importance. Cependant, un membre du Conseil Impérial qui sait, ça veut dire potentiellement toute la Galaxie. Alors, on faisait quoi ex-Sénatrice?

[Dana Rangre]

Dana se retourna un instant à l'arrivée de Sara. La communication n'était pas encore établie à cette heure-là. Elle lui désigna alors le projecteur avec un sourire inquiet, avant de se retourner vers ce dernier, laissant apparaître un homme relativement âgé.

Sans détour, après une réponse courtoise et banale, il énonça les raisons de son appel. Une entrevue.

« Voilà une bien curieuse et inattendue proposition, Grand Moff. Je serais curieuse de connaître la raison vous ayant poussé à engager une telle demande.
À votre question, je souhaiterais y répondre à l'aide d'une autre question : Pourquoi vouloir se rencontrer en chair et en os, autour d'un cocktail, dans des fauteuils rembourrés alors qu'il y a des heures et des heures de voyage entre nos deux royaumes ? La technologie permet des discussions simples, rapides et évite des heures de trajet. Simple interrogation. »

Elle fit une pause et sur son visage d'une neutralité parfaite, un léger sourire apparu.

« Bien que nos idéaux divergent, que nos politiques ne prennent pas la même voie. En dépit de notre passé commun, j'accepter une telle entrevue avec plaisir, Haut-Amiral Kiez.
J'aimerais cependant des détails sur le motif de cette rencontre. Des précisions sur le futur dont vous souhaitez parler. »

[Feyet Kiez]

La jeune Rangre semblait malicieuse. Elle aimait jouer avec ses interlocuteurs. En ça, Kiez n'était pas comme les autres gradés impériaux, il était très apte à accepter un jeu de chat et de la souris. La diplomatie constituait pour lui ses instants de repos. Les affaires militaires surpassaient à ses yeux de loin les facilités d'ordre sociales. Il était plus facile de manipuler la foule que l'ennemi.

Nous rencontrer nous permettra de mieux nous connaître, et puis, j'ai la conviction que le contact humain est une condition nécessaire au bon déroulement d'une discussion. Mais surtout, il manque cruellement de fauteuils rembourrés de qualité sur Serenno. Je me permets cependant de vous préciser que je ne possède pas de royaume pour ma part, mais je suis ravi de savoir que c'est le cas pour vous. Reine Dana Rangre est donc votre titre officiel?

Un regard interrogatif, qui cachait un grand rire intérieur. La politique, c'est amusant.

Je suis satisfait que vous acceptiez ma proposition. Concernant les raisons, disons que la plus importante est que je connais l'existence de votre associations de mondes, ce qui n'était pas le cas avant. Après des recherches approfondies, j'ai remarqué que cette Ligue n'est citée nulle part, et j'en déduis donc que cela est récent. Ajoutés à cela vos péripéties face à la SoroSuub et les Sullustéens ainsi que votre bras de fer sur Tantra, vous devez être une femme occupée, mais surtout une femme qui commence à compter.

Autant vous dire que si vous n'étiez toujours que dirigeante d'Elrood, je n'aurais pas pris la peine de vous contacter.

La seconde, eh bien... Un peu de mystère est toujours positif. Cela permet de concentrer l'esprit sur cette chose qu'il souhaite savoir. Aussi, ne sachant pas totalement ce que je vous veux, vous voilà intriguée et désireuse de connaître le fin mot de cette histoire. Et puis, vous devez tout de même vous demander comment j'ai fait pour savoir, non? J'espère bien que oui en fait!

Bien. Alors, étant donné que chez l'un de nous serait un peu précipité, que dites-vous de Nal Hutta? Je connais un lieu qui conviendra parfaitement.

[Dana Rangre]

Pourquoi diable les impériaux souhaitaient-ils garder tant d'éléments secrets ? Certes, l'information était le nerf de la guerre, mais lorsque l'un des membres du Conseil Impérial demandait à rencontrer une homologue Liguée, dans l'objectif fort louable de discuter de l'avenir, pourquoi conserver le silence sur le pourquoi du comment ?

« Je ne suis pas Reine, pas plus que je ne suis Sénatrice comme je le fus par le passé. Je suis Sultane aujourd'hui. Sultane Rangre est mon titre officiel, Grand Moff.

Les relations physiques sont toujours plus pérennes que les pâles discussions holographiques, je vous l'accorde. Mais le fait que nos deux nations soient toujours en guerre, techniquement, peut me pousser à la méfiance, comprenez-vous. Je doute que le Conseil Impérial ait reconnu la paix avec l'Empire renégat d'Atravis.»

Sourire dénué d'expression.

« La Ligue est en effet récente, mais son origine remonte à bien des années. Nous avons simplement choisi de conserver le silence sur notre existence. Un choix politique. Et nous nous sommes déclarés il y a peu. Un autre choix politique.
Peut-être que les agents des Renseignements Impériaux ne sont pas si efficaces que ça pour ne pas avoir détecté une organisation en pleine croissance telle que celle-ci !

Mais vous restez bien informé de la situation face à la Sorosuub et Tantra. »

Il n'y avait pas de dédain dans sa voix, une pointe d'ironie toutefois.

« Je ne suis pas intriguée par la manière dont vous avez appris l'existence de la Ligue à vrais dire. Surtout que celle-ci a été officiellement annoncée il y a quelques semaines, très cher Haut-Amiral Kiez. Et je n'ai pas non plus un besoin impérieux de connaître votre seconde raison. Intriguée, certes. Désireuse de connaître le fin mot de l'histoire, non.

Ainsi, pour que cette entrevue se passe dans la meilleure situation possible, que diriez-vous de me donner quelques détails supplémentaires ?
Et quant au lieu de rendez-vous, je préfèrerais Dolla. Une planète prise à l'Empire par la Nouvelle République, et ayant préféré l'indépendance à cette pâle République. »

Nal Hutta était finalement une mauvaise idée. Et cette récente "libération" offrait un terrain de rendez-vous parfait.

[Feyet Kiez]

Feyet grimaça quelques peu aux mots de la jeune femme. Elle se croyait sans doute tout permis, mais c'était loin d'être le cas. Derrière lui, il sentit que Lloyd avait lâché ses lectures pour écouter, s'excentrant afin de ne pas apparaître sur l'écran. Il posa ses mains sur une petite table qui contenait du thé et s'assit dans le petit fauteuil rouge. De là où il était, il pouvait profiter pleinement de la discussion tout en se désaltérant, et en restant invisible.

Il avait lui-même installé la table à cet endroit plusieurs années auparavant, lorsque sa relation avec Kiez s'était intensifié au point qu'il le suive partout. Aujourd'hui, Lloyd avait vingt-six ans, et malgré son jeune âge, il était déjà Amiral. Il fallait dire qu'accompagner le Grand Moff de l'Empire de Zsinj amenait souvent à se lancer dans des missions plus ou moins assurées de succès. Surtout moins.

Lloyd commençait à très bien connaître son maître, et c'est pourquoi il avait choisi ce moment pour suivre plus en détail la conversation. Il savait que les mots de la Sultane Rangre exigeaient une réaction, et l'homme impassible et droit qu'était Feyet n'avait pas pour habitude de ne pas réagir. Aussi il regarda en souriant, et but son thé tranquillement, en attendant la réplique Impériale.

Sultane...

Vous êtes jeune et fraîche. En pleine forme, et vous aimez posséder l'avantage. Mais parfois, vos interlocuteurs peuvent avoir du mal à saisir la nuance entre sagacité et arrogance.

Comme vous l'avez dit, nous sommes en guerre. Cependant, peut-on parler d'une guerre lorsque aucun acte offensif n'a été entrepris par aucun des deux belligérants? L'Empire est en guerre contre la République, contre Sullust, et dans les deux cas, des affrontements ont eu lieu. Alors je dirais que le terme approprié à la situation diplomatique entre nos deux nations est actuellement la trêve.

Puisque nous sommes en trêve. Essayons de nous entendre, afin que les hostilités ne soient pas ouvertes. Vous n'êtes nullement en position de faire preuve d'humour dans une telle entrevue. Aussi serais-je clair. Afin que la trêve continue, je vous propose une rencontre sur Nal Hutta dans exactement cinq jours. Avec un hyperdrive 1 vous avez presque quatre jours de voyage, moi trois. Vous avez le choix.

Lloyd sourit derrière Feyet en devinant les intentions de son supérieur. Il envoya un message comlink au Capitaine Byrn, au cas où...

[Dana Rangre]

Des menaces ? La jeune femme haussa un sourcil. Le gauche, elle avait toujours eu du mal avec le droit, malgré de nombreux essais. Sara était de l'autre côté de l'holographe, si bien que Feyet ne pouvait la voir pour le moment. Imperceptiblement tapotât sur ses dossiers, dans un rythme défini, précis et qui pouvaient tout à fait passer pour un ... Banal tapotement. Mais pour ceux qui connaissaient ce code, le message était clair : danger.

« Haut Amiral. Je suis d'avis que l'on peut parler d'une trêve lorsqu'une décision commune a été prise. La Fédération est disposée à négocier une trêve, et nous avons des adversaires en commun. »

Elle fit une pause puis reprit la parole, toujours sans expression, toujours sérieuse.

« Je ne fait pas le moins du monde preuve d'humour Haut Amiral. L'humour fait rire et engendre le rire. L'humour n'est pas basé sur une surprise et un étonnement. Si vous souhaitez une discussion, autant être sincère dès le départ, n'est-ce pas ?
Je n'ai rien fait de plus que de vous dire ce que je pensais. Peut-être que cela vous déplait, mais cela ne vous donne en aucun cas le droit aux menaces.

Vous êtes expérimenté et réfléchi, Grand Moff. Vous voulez posséder l'avantage et vous faites tout pour mettre votre interlocuteur en position de faiblesse.
Comme vous l'avez dit, j'aime avoir l'avantage. Ou du moins, je ne m'écrase pas devant les menaces.

Je serais sur Dolla dans 4 jours. Si vous êtes disposé à discuter de manière sérieuse, sincère et respectueuse, Haut Amiral, alors je suis certaine que nous pourrons nous agir dans un but commun. »

Oui, elle prenait un risque. Mais après tout, Elrood était une enclave indépendante en territoire Néo-Républicain. Chacun avait ses motivations, les deux étaient de fortes personnalités et probablement qu'aucun ne céderait. Mais Elrood n'était pas un chien couard qui courbait l'échine devant l'Empire. Et même si la Fédération voulait la paix, elle ne cèderait ni à un diktat, ni à une quelconque sorte de domination de la part d'une puissance extérieure pour obtenir un semblant de paix.

« Et si je refuse un rendez-vous sur ce monde Hutt, c'est que l'Empire a eu des relations ... Étroites avec l'hégémonie Hutt, si je ne m'abuse. Je préfère un endroit totalement neutre et indépendant. »

[Feyet Kiez]

Kiez soupira légèrement lorsqu'il entendit la réaction de la dirigeante d'Eiskyrt. Décidément, il y en avait qui n'avaient pas leur langue dans leur poche. Voyant l'inutilité de se battre plus loin, puisqu'il n'obtiendrait aucun résultat de cette façon, Kiez décida d'abdiquer... pour cette fois.

Dolla dans quatre jours? Mais il va me falloir plus que quatre jours pour me rendre sur Dolla... Attendez que je me renseigne.

Feyet tapota quelques instants sur son datapad et repris.

Bien, il me faudra donc un tout petit peu moins de douze jours avec mon escorte. Je ne suis tout de même pas assez stupide pour venir seul... Même sur Dolla.

Etant donné que je ne peux partir avant après-demain matin, comptez exactement deux semaines avant mon arrivée sur la planète. A dans deux semaines, Sultane Rangre.

Et il raccrocha. Elle avait du cran cette petite, et elle l'avait mis à cran...