- jeu. 13 déc. 2018 16:57
#34514
Il y avait, parmi les nimbus qui formaient des monts et des vallées célestes, des rayons qui semblaient véritablement briller pour la rédemption d’Ithor. Comme si, ils avaient toujours été là, mais que, ce jour-là, leur lueur orangée et la gamme de couleurs chaudes de cette dernière étaient des forces apaisantes qui prenaient le parti des Ithoriens. Dans le morne quotidien d’une société brisée, dans sa musique tragique que l’on entonnait en pleurant la perte de son innocence, la lumière du ciel, en cette matinée ordinaire, était un véritable baume sur le cœur. Pouvait-on vraiment décrire ce lien spécial qu’avaient les Ithoriens avec leur astre du jour, nourriture de toutes choses qu’ils adoraient, source de vie de leurs enfants et manifestation concrète de leur Mère sylvestre ? Ainsi, dans les grands vaisseaux troupeaux qui lévitaient à des kilomètres au-dessus de la forêt qui se lamentait de douleur, à travers le quartz du verre, les rayons du jour étaient une fois plus accueillis en amis.
La panique généralisée des premiers mois s’était retirée lâchement pour laisser sa place à un sentiment de désespoir qui complotait avec l’indifférence et prenaient comme pantins les Ithoriens, aussi sages eurent-ils été. Ici, on voyait des officiers ou des scientifiques, répétant les mêmes gestes chaque jours, dirigeant des files de réfugiés et de blessés vers un complexe médical, puis vers un autre, puis vers des habitations temporaires. Monotones, les actions humanitaires ne se comptaient plus que par millions et s’étaient corrompues jusqu’à devenir des habitudes. Là, des moines tentaient de maintenir le calme et de souffler sur des braises d’amour qui brûlaient encore chez les Ithoriens, alors que sournoisement certains avaient commencé à perdre la foi en leurs préceptes millénaires. Le travail de reconstruction avait gagné le dossier des affaires interminables et on alla même à se mentir quand on demandait aux gens s’ils croyaient en la possibilité d’un rétablissement complet.
Un trafic aérien bourdonnait incessamment alors que des cargos et des vaisseaux spécialisés décomposaient peu à peu la carcasse du vaisseau-troupeau qui s’était écrasé sur la surface d’Ithor et qui brûlait sans cesse depuis le crash. En s’y approchant, les pilotes volaient vers un cercle de mort qui avaient laissé comme empreinte un disque d’un diamètre titanesque, changeant la biomasse en cendres. Jamais, depuis l’incident, les brasiers ne s’étaient-ils éteints et leur fumée avaient terrorisé les habitants qui pouvaient voir la catastrophe du haut de leur demeure volante. De cette manière, à chaque fois que l’on regroupait ses espoirs, la vue de la jungle dérobée aux flammes suffisait pour émietter la foi et forcer tout être traumatisé à recommencer à zéro le processus de guérison.
Tous tournèrent alors leur regard vers le ciel, de là où viendrait l’assistance de ceux qui, d’une certaine manière, avaient amené ce conflit en terre ithorienne. En colère, on cherchait parmi les étoiles les vaisseaux et les secours de la République dont l’ennemi était allé jusqu’à attaquer le plus innocent citoyen. En fait, on attendait que les autorités républicaines viennent réparer le dégât de leur guerre, elle qui promettait liberté et égalité pour ceux qui adhéraient à leur constitution, pour ceux qui, à plusieurs occasions, l’avaient rendu forte. Le cœur empli d’une fureur nouvelle, les Ithoriens lui en voulaient, car le bourreau d’Ithor s’en était pris à un peuple qui n’avait jamais pris les armes dans le conflit galactique et qui s’était empressé de réparer, à chaque fois, les pots cassés. Oui, les Ithoriens étaient blessés et regrettaient terriblement leur affiliation politique, eux qui n’avaient voulu que la survie des plus fragiles espèces. Aujourd’hui, c’était à contre-cœur qu’ils devaient se serrer les coudes avec cette instance supra-gouvernementale et être entièrement dépendants d’elle. On était en colère contre la Nouvelle République, mais terriblement impatients et fatigués d’attendre son aide, vraisemblablement vitale.
Comme à chaque jour depuis la tragédie, les autorités d’Ithor se réunissaient pour organiser les travaux quotidiens et dispatcher les efforts dans une sorte de logistique improvisée et désespérée. Aux côtés du Grand Oracle Muthu, une dizaine de conseillers et des ministres se tenaient en cercle aux côtés de dirigeants monastiques et des scientifiques les plus influents des vaisseaux-troupeaux restants. Les conclaves quotidiens étaient devenus machinaux et on passait à travers de longues listes de requêtes et des rapports institutionnels interminables, qui demandaient plus d’attention que ce que l’on pouvait donner.
Irrité, le capitaine Ohondh Olani, ministre des relations étrangères, avait répondu avec froideur au président du Complexe de la Vie du vaisseau-ruche principal, lorsque ce dernier avait émis un commentaire sur le délai inacceptable des travaux de décontamination de l’atmosphère.
- Monsieur le président Ilahanho, votre manque de compréhension de la situation ne fait qu’alourdir les conversations. Ithor manque d’effectifs et se retrouvera avec un problème beaucoup plus grave si nous ne nous attardons pas davantage à ce blocus impérial qui nous prend en joug. Il faut chercher du support militaire extérieur avant tout !
En effet, peu après les invasions Siths qui avaient détournée les Ithoriens de leur longue histoire pacifique et généralement sans trouble, la précarité de la planète avait attiré bon nombre de regards étrangers, qui pour plusieurs, avaient intérêt à garder Ithor dans sa position vulnérable. Pendant des jours, on avait envoyé des missives, mais le constat était clair : l’agression se poursuivait, alors que des flottes impériales perpétraient un blocus autour d’Ithor. Ce fut un autre coup dur pour le peuple de la Jungle Mère, qui, par sa nature bienfaisante et altruiste, avait été trop innocent de croire que tous accourraient pour lui porter secours. La situation était tout autre.
Le capitaine Olani avait un point : Ithor ne pourrait qu’entamer des travaux temporaires et tenter de calmer la crise à petite échelle, tant que les secours extérieurs n’atteindraient pas leurs cités volantes. Le commerce était dans les griffes des impériaux et l’économie normalement autonome des Ithoriens se retrouvait maintenant handicapées d’un déficit non-négligeable. Au conseil, tous savaient qu’ils s’en sortiraient, mais les prochains coups se joueraient en fonction du jeu des alliances. Avant de redescendre s’occuper des arbres, de reconstruire le vaisseau-troupeau démoli et de reprendre toute entreprise scientifique, il faudrait délivrer Ithor de son joug et la reconnecter aux mondes extérieurs.
Assis en lotus, sur le modeste siège qu’il préférait aux fauteuils classiques, l’Oracle Muthu fermait les yeux et tentait de cultiver les germes de calme qui, malgré tout, arrivaient à maturité dans tout ce chaos et mélodrame sociétal. Au bout de la pièce, à son opposé, se trouvait un de ses plus fidèles alliés dans la gouvernance de la nation ithorienne et un disciple loyal de sa bonne humeur. Ceran Hord, le gouverneur d’Ithor, représentant l’autorité de l’Oracle dans toutes les sphères de la nation et le plus proche conseiller de Muthu, était sur le point d’interpréter la parole de son chef. Thahp lui fit signe de la tête d’énoncer le verdict.
- Nous allons utiliser toutes nos lignes de communication à leur plein potentiel, afin de créer du mouvement dans les systèmes environnants. Tous ceux qui voudront contribuer au déplacement de la flotte impérial seront nos amis, peu importe les relations passées. Contactez les gouvernements voisins et les hauts-conseils républicains. Il est temps de sortir Ithor de son malheur et de continuer sur le chemin du dialogue et de la paix.
On regagna son poste et, encore une fois, on trouva la force de chercher des solutions
.La panique généralisée des premiers mois s’était retirée lâchement pour laisser sa place à un sentiment de désespoir qui complotait avec l’indifférence et prenaient comme pantins les Ithoriens, aussi sages eurent-ils été. Ici, on voyait des officiers ou des scientifiques, répétant les mêmes gestes chaque jours, dirigeant des files de réfugiés et de blessés vers un complexe médical, puis vers un autre, puis vers des habitations temporaires. Monotones, les actions humanitaires ne se comptaient plus que par millions et s’étaient corrompues jusqu’à devenir des habitudes. Là, des moines tentaient de maintenir le calme et de souffler sur des braises d’amour qui brûlaient encore chez les Ithoriens, alors que sournoisement certains avaient commencé à perdre la foi en leurs préceptes millénaires. Le travail de reconstruction avait gagné le dossier des affaires interminables et on alla même à se mentir quand on demandait aux gens s’ils croyaient en la possibilité d’un rétablissement complet.
Un trafic aérien bourdonnait incessamment alors que des cargos et des vaisseaux spécialisés décomposaient peu à peu la carcasse du vaisseau-troupeau qui s’était écrasé sur la surface d’Ithor et qui brûlait sans cesse depuis le crash. En s’y approchant, les pilotes volaient vers un cercle de mort qui avaient laissé comme empreinte un disque d’un diamètre titanesque, changeant la biomasse en cendres. Jamais, depuis l’incident, les brasiers ne s’étaient-ils éteints et leur fumée avaient terrorisé les habitants qui pouvaient voir la catastrophe du haut de leur demeure volante. De cette manière, à chaque fois que l’on regroupait ses espoirs, la vue de la jungle dérobée aux flammes suffisait pour émietter la foi et forcer tout être traumatisé à recommencer à zéro le processus de guérison.
Tous tournèrent alors leur regard vers le ciel, de là où viendrait l’assistance de ceux qui, d’une certaine manière, avaient amené ce conflit en terre ithorienne. En colère, on cherchait parmi les étoiles les vaisseaux et les secours de la République dont l’ennemi était allé jusqu’à attaquer le plus innocent citoyen. En fait, on attendait que les autorités républicaines viennent réparer le dégât de leur guerre, elle qui promettait liberté et égalité pour ceux qui adhéraient à leur constitution, pour ceux qui, à plusieurs occasions, l’avaient rendu forte. Le cœur empli d’une fureur nouvelle, les Ithoriens lui en voulaient, car le bourreau d’Ithor s’en était pris à un peuple qui n’avait jamais pris les armes dans le conflit galactique et qui s’était empressé de réparer, à chaque fois, les pots cassés. Oui, les Ithoriens étaient blessés et regrettaient terriblement leur affiliation politique, eux qui n’avaient voulu que la survie des plus fragiles espèces. Aujourd’hui, c’était à contre-cœur qu’ils devaient se serrer les coudes avec cette instance supra-gouvernementale et être entièrement dépendants d’elle. On était en colère contre la Nouvelle République, mais terriblement impatients et fatigués d’attendre son aide, vraisemblablement vitale.
Comme à chaque jour depuis la tragédie, les autorités d’Ithor se réunissaient pour organiser les travaux quotidiens et dispatcher les efforts dans une sorte de logistique improvisée et désespérée. Aux côtés du Grand Oracle Muthu, une dizaine de conseillers et des ministres se tenaient en cercle aux côtés de dirigeants monastiques et des scientifiques les plus influents des vaisseaux-troupeaux restants. Les conclaves quotidiens étaient devenus machinaux et on passait à travers de longues listes de requêtes et des rapports institutionnels interminables, qui demandaient plus d’attention que ce que l’on pouvait donner.
Irrité, le capitaine Ohondh Olani, ministre des relations étrangères, avait répondu avec froideur au président du Complexe de la Vie du vaisseau-ruche principal, lorsque ce dernier avait émis un commentaire sur le délai inacceptable des travaux de décontamination de l’atmosphère.
- Monsieur le président Ilahanho, votre manque de compréhension de la situation ne fait qu’alourdir les conversations. Ithor manque d’effectifs et se retrouvera avec un problème beaucoup plus grave si nous ne nous attardons pas davantage à ce blocus impérial qui nous prend en joug. Il faut chercher du support militaire extérieur avant tout !
En effet, peu après les invasions Siths qui avaient détournée les Ithoriens de leur longue histoire pacifique et généralement sans trouble, la précarité de la planète avait attiré bon nombre de regards étrangers, qui pour plusieurs, avaient intérêt à garder Ithor dans sa position vulnérable. Pendant des jours, on avait envoyé des missives, mais le constat était clair : l’agression se poursuivait, alors que des flottes impériales perpétraient un blocus autour d’Ithor. Ce fut un autre coup dur pour le peuple de la Jungle Mère, qui, par sa nature bienfaisante et altruiste, avait été trop innocent de croire que tous accourraient pour lui porter secours. La situation était tout autre.
Le capitaine Olani avait un point : Ithor ne pourrait qu’entamer des travaux temporaires et tenter de calmer la crise à petite échelle, tant que les secours extérieurs n’atteindraient pas leurs cités volantes. Le commerce était dans les griffes des impériaux et l’économie normalement autonome des Ithoriens se retrouvait maintenant handicapées d’un déficit non-négligeable. Au conseil, tous savaient qu’ils s’en sortiraient, mais les prochains coups se joueraient en fonction du jeu des alliances. Avant de redescendre s’occuper des arbres, de reconstruire le vaisseau-troupeau démoli et de reprendre toute entreprise scientifique, il faudrait délivrer Ithor de son joug et la reconnecter aux mondes extérieurs.
Assis en lotus, sur le modeste siège qu’il préférait aux fauteuils classiques, l’Oracle Muthu fermait les yeux et tentait de cultiver les germes de calme qui, malgré tout, arrivaient à maturité dans tout ce chaos et mélodrame sociétal. Au bout de la pièce, à son opposé, se trouvait un de ses plus fidèles alliés dans la gouvernance de la nation ithorienne et un disciple loyal de sa bonne humeur. Ceran Hord, le gouverneur d’Ithor, représentant l’autorité de l’Oracle dans toutes les sphères de la nation et le plus proche conseiller de Muthu, était sur le point d’interpréter la parole de son chef. Thahp lui fit signe de la tête d’énoncer le verdict.
- Nous allons utiliser toutes nos lignes de communication à leur plein potentiel, afin de créer du mouvement dans les systèmes environnants. Tous ceux qui voudront contribuer au déplacement de la flotte impérial seront nos amis, peu importe les relations passées. Contactez les gouvernements voisins et les hauts-conseils républicains. Il est temps de sortir Ithor de son malheur et de continuer sur le chemin du dialogue et de la paix.
On regagna son poste et, encore une fois, on trouva la force de chercher des solutions