- ven. 20 déc. 2019 23:20
#36658
Cela faisait un peu plus d'un an que l'Opérateur Umbaran avait envoyé ce message à la jeune femme. Cette simple question avait déclenché une série d'évènements qui culminait aujourd'hui en une situation tout à fait déplaisante. Alyxtra ne se doutait pas en répondant à l'Opérateur du BSI qu'elle allait passer les mois suivants à traquer un insaisissable malfrat... Mais une fois la mission acceptée, il était impensable d'abandonner. Ou peut-être que si, mais ce n'était pas dans le caractère de la timide Alyx d'oser demander s'il était possible d'arrêter, aussi était-elle partie du principe que ce n'était pas envisageable et que si elle échouait le Bureau la renverrait immédiatement dans sa cellule où l'attendait une couchette aussi dure que le crâne d'un zabrak. Et ça, non : plus jamais.
Le malfrat en question était un dénommé Skwalkiw, un ancien esclave Yaga qui était parvenu à se libérer dans le sang quelques années plus tôt et menait désormais un commerce de contrebande qui donnait du fil à retordre à la police locale. Les activités illicites de Skwalkiw avaient pris une telle ampleur que le BSI avait lancé une investigation pour faire sortir l'insectoïde de son trou ; et c'était là qu'entrait en jeu Alyxtra, l'ex-pirate Holonet reconvertie en gentille fleuriste innocente !
Malheureusement, la cible ne se montrait jamais au grand jour et opérait dans la plus grande discrétion, utilisant de nombreux intermédiaires (souvent mais pas toujours d'autres Yagais) qui lui étaient loyaux.
Ses compatriotes les moins soumis à l'Empire voyaient en lui un symbole de la résistance. C'était peut-être vrai - bien que la jeune femme s'en fichait totalement - mais ses méthodes n'étaient pas sans violence et il avait tué bien des gens pour accumuler son pouvoir et sa renommée, et pas que des innocents. En résumé, il s'agissait d'un écrou rouillé dans les engrenages bien huilés qui faisaient tourner Yaga Minor.
Les premiers mois, Alyxtra s'était contentée d'ouvrir une oreille attentive quand elle sortait en public (ce qu'elle faisait toujours furtivement et sans s'attarder). Le quartier où elle vivait n'était pas des plus réputés : à quelques clics d'un des plus anciens chantiers navals de la planète, plus pollué que la moyenne du reste de la planète, peuplé de plus de non-humains que toute autre ville, elle y avait jeté son dévolu car les loyers n'étaient pas chers et les rues rarement bien remplies. Ce n'était pas son but premier en résidant ici mais il se trouvait aussi que c'était un bon coin pour fricoter avec les citoyens les plus dissidents de la planète...
Et c'était donc ce qu'elle s'était forcée de faire afin d'assister le BSI à son niveau. Pousser d'anciens détenus à fricoter avec de la racaille n'était certainement pas la meilleure méthode de réhabilitation imaginable mais c'était un excellent moyen d'obtenir des informations directement de la rue. Enfin, un excellent moyen quand les détenus en question étaient capables de s'intégrer à ce genre de milieu, ce qui était loin d'être le cas d'Alyx !
Ce fut donc avec beaucoup de difficulté que la sliceuse parvint à offrir des informations à Argo tout au long de l'année. "L'ingénierie sociale" était encore une méthode de piratage qu'elle avait du mal à mettre en pratique. Mais il lui restait ses compétences de slicing plus traditionnelles, grâce auxquelles elle parvint petit à petit à mettre des noms sur le cercle qui entourait Skwalkiw...
- Fazer Daze, dit-elle en s'installant sur l'une des banquettes du restaurant familial où Argo et elle se retrouvaient une fois par semaine pour faire le point.
- Fazer Daze à toi. C'est une nouvelle expression à la mode ?
- N-Non, c'est... Le nom de..., répondit Alyx, perplexe, avant de réaliser que l'agent la taquinait. Hé, tu te moques de moi !
- Pardon, soyons sérieux, s'excusa-t-il en versant du soda dans son verre.
Alyx ne l'avait jamais vu boire d'alcool. Elle s'imaginait toutes sortes de choses sur l'Opérateur, notamment à quoi il ressemblait dans sa vie privée, sur son temps libre. C'était plutôt amusant, et ça l'aidait à se détendre en sa présence. Maintenant, elle arrivait à lui parler sans trop de difficultés - tant qu'elle ne regardait pas son visage, et qu'elle ne sentait pas son regard sur le sien.
- Et qui est ce mystérieux Fazer ? demanda l'Impérial en sirotant paisiblement sa boisson, les yeux fermés. Il commençait à comprendre le fonctionnement de l'informatrice et, à défaut de pouvoir la mettre à l'aise, savait comment ne pas rendre ces entrevues trop inconfortables pour elle.
- Il s'agit d'un ancien enfant à problèmes, un orphelin qui a fait plusieurs familles d'accueil. Il travaille au chantier mais ce n'est pas un ouvrier très diligent, récita pratiquement Alyx, qui s'était préparée. J'ai pira... Enfin, je me suis procuré... J'ai... Obtenu ?
La sliceuse fit la grimace alors que ses joues prenaient une légère teinte rouge. De quoi avait-elle peur ? Argo (et par extension le BSI) savait bien que les informations qu'elle leur fournissait n'apparaissaient pas par magie. Se reprenant, elle poursuivit :
- J'ai obtenu un enregistrement qui va vous intéresser.
- Très bien, on va regarder ça ensemble à l'abri des regards indiscrets. Non, reste assise, lui somma l'Umbaran en la voyant se lever, et goûte-moi ce flan yaga. C'est une spécialité locale.
Une vingtaine de minutes et quelques cuillères de flan plus tard...
Dans une petite ruelle éloignée de tous les regards, Argo et Alyxtra repassaient pour la deuxième fois la projection holographique de Fazer Daze. Il s'agissait d'un jeune Humain à peine entré dans la vingtaine, le crâne rasé et tatoué, grand et mince.
- ...-ouvelle cargaison arrivera ce soir à 1130. L'entrepôt habituel est surveillé alors cette fois on ira dans l'usine désaffectée de la vielle ville. Le boss veut qu'on vienne tous, le receleur a une sale réputation. 'y faut pas que ça tourne mal, c'est pas le moment...
La sliceuse n'avait pu recueillir que cet extrait de conversation. Assise sur une benne à ordure, elle attendait les yeux fixés sur ses chaussures que l'agent réagisse. Celui-ci se repassa le message pour la troisième fois avant de ramasser le projecteur et l'accrocher à sa ceinture.
- C'est dans trois quarts d'heure.
- ...
- Plus que suffisant pour envoyer une escouade épauler les forces de police... Mais est-ce que ce n'est pas une opportunité pour... Hum...
L'Umbaran réfléchissait à voix haute en faisant les cent pas. A travers les bribes d'idées qu'il lançait, Alyx comprit qu'il ne voulait pas simplement envoyer des troupes de choc arrêter Fazer, ses hommes et son revendeur. Il avait une autre idée en tête, et lorsqu'il s'arrêta de marcher et leva doucement les yeux sur elle, la jeune femme comprit qu'elle n'allait pas aimer.
- Si on les arrête tout de suite, ils ne parleront probablement pas plus que la dizaine qu'on attrapé ces derniers mois.
- E-Et pourquoi est-ce... Que tu me regardes... Comme ça..?
- Illusive, c'est soudain mais je vais avoir besoin de ton aide. Je n'ai pas d'agent à disposition dans des délais suffisants. Nous allons nous rendre à l'usine et espionner cet échange. C'est peut-être le seul moyen d'en apprendre plus sur notre cible !
Cela faisait un peu plus d'un an que l'Opérateur Umbaran avait envoyé ce message à la jeune femme. Cette simple question avait déclenché une série d'évènements qui culminait aujourd'hui en une situation tout à fait déplaisante. Alyxtra ne se doutait pas en répondant à l'Opérateur du BSI qu'elle allait passer les mois suivants à traquer un insaisissable malfrat... Mais une fois la mission acceptée, il était impensable d'abandonner. Ou peut-être que si, mais ce n'était pas dans le caractère de la timide Alyx d'oser demander s'il était possible d'arrêter, aussi était-elle partie du principe que ce n'était pas envisageable et que si elle échouait le Bureau la renverrait immédiatement dans sa cellule où l'attendait une couchette aussi dure que le crâne d'un zabrak. Et ça, non : plus jamais.
Le malfrat en question était un dénommé Skwalkiw, un ancien esclave Yaga qui était parvenu à se libérer dans le sang quelques années plus tôt et menait désormais un commerce de contrebande qui donnait du fil à retordre à la police locale. Les activités illicites de Skwalkiw avaient pris une telle ampleur que le BSI avait lancé une investigation pour faire sortir l'insectoïde de son trou ; et c'était là qu'entrait en jeu Alyxtra, l'ex-pirate Holonet reconvertie en gentille fleuriste innocente !
Malheureusement, la cible ne se montrait jamais au grand jour et opérait dans la plus grande discrétion, utilisant de nombreux intermédiaires (souvent mais pas toujours d'autres Yagais) qui lui étaient loyaux.
Ses compatriotes les moins soumis à l'Empire voyaient en lui un symbole de la résistance. C'était peut-être vrai - bien que la jeune femme s'en fichait totalement - mais ses méthodes n'étaient pas sans violence et il avait tué bien des gens pour accumuler son pouvoir et sa renommée, et pas que des innocents. En résumé, il s'agissait d'un écrou rouillé dans les engrenages bien huilés qui faisaient tourner Yaga Minor.
Les premiers mois, Alyxtra s'était contentée d'ouvrir une oreille attentive quand elle sortait en public (ce qu'elle faisait toujours furtivement et sans s'attarder). Le quartier où elle vivait n'était pas des plus réputés : à quelques clics d'un des plus anciens chantiers navals de la planète, plus pollué que la moyenne du reste de la planète, peuplé de plus de non-humains que toute autre ville, elle y avait jeté son dévolu car les loyers n'étaient pas chers et les rues rarement bien remplies. Ce n'était pas son but premier en résidant ici mais il se trouvait aussi que c'était un bon coin pour fricoter avec les citoyens les plus dissidents de la planète...
Et c'était donc ce qu'elle s'était forcée de faire afin d'assister le BSI à son niveau. Pousser d'anciens détenus à fricoter avec de la racaille n'était certainement pas la meilleure méthode de réhabilitation imaginable mais c'était un excellent moyen d'obtenir des informations directement de la rue. Enfin, un excellent moyen quand les détenus en question étaient capables de s'intégrer à ce genre de milieu, ce qui était loin d'être le cas d'Alyx !
Ce fut donc avec beaucoup de difficulté que la sliceuse parvint à offrir des informations à Argo tout au long de l'année. "L'ingénierie sociale" était encore une méthode de piratage qu'elle avait du mal à mettre en pratique. Mais il lui restait ses compétences de slicing plus traditionnelles, grâce auxquelles elle parvint petit à petit à mettre des noms sur le cercle qui entourait Skwalkiw...
- Fazer Daze, dit-elle en s'installant sur l'une des banquettes du restaurant familial où Argo et elle se retrouvaient une fois par semaine pour faire le point.
- Fazer Daze à toi. C'est une nouvelle expression à la mode ?
- N-Non, c'est... Le nom de..., répondit Alyx, perplexe, avant de réaliser que l'agent la taquinait. Hé, tu te moques de moi !
- Pardon, soyons sérieux, s'excusa-t-il en versant du soda dans son verre.
Alyx ne l'avait jamais vu boire d'alcool. Elle s'imaginait toutes sortes de choses sur l'Opérateur, notamment à quoi il ressemblait dans sa vie privée, sur son temps libre. C'était plutôt amusant, et ça l'aidait à se détendre en sa présence. Maintenant, elle arrivait à lui parler sans trop de difficultés - tant qu'elle ne regardait pas son visage, et qu'elle ne sentait pas son regard sur le sien.
- Et qui est ce mystérieux Fazer ? demanda l'Impérial en sirotant paisiblement sa boisson, les yeux fermés. Il commençait à comprendre le fonctionnement de l'informatrice et, à défaut de pouvoir la mettre à l'aise, savait comment ne pas rendre ces entrevues trop inconfortables pour elle.
- Il s'agit d'un ancien enfant à problèmes, un orphelin qui a fait plusieurs familles d'accueil. Il travaille au chantier mais ce n'est pas un ouvrier très diligent, récita pratiquement Alyx, qui s'était préparée. J'ai pira... Enfin, je me suis procuré... J'ai... Obtenu ?
La sliceuse fit la grimace alors que ses joues prenaient une légère teinte rouge. De quoi avait-elle peur ? Argo (et par extension le BSI) savait bien que les informations qu'elle leur fournissait n'apparaissaient pas par magie. Se reprenant, elle poursuivit :
- J'ai obtenu un enregistrement qui va vous intéresser.
- Très bien, on va regarder ça ensemble à l'abri des regards indiscrets. Non, reste assise, lui somma l'Umbaran en la voyant se lever, et goûte-moi ce flan yaga. C'est une spécialité locale.
Une vingtaine de minutes et quelques cuillères de flan plus tard...
Dans une petite ruelle éloignée de tous les regards, Argo et Alyxtra repassaient pour la deuxième fois la projection holographique de Fazer Daze. Il s'agissait d'un jeune Humain à peine entré dans la vingtaine, le crâne rasé et tatoué, grand et mince.
- ...-ouvelle cargaison arrivera ce soir à 1130. L'entrepôt habituel est surveillé alors cette fois on ira dans l'usine désaffectée de la vielle ville. Le boss veut qu'on vienne tous, le receleur a une sale réputation. 'y faut pas que ça tourne mal, c'est pas le moment...
La sliceuse n'avait pu recueillir que cet extrait de conversation. Assise sur une benne à ordure, elle attendait les yeux fixés sur ses chaussures que l'agent réagisse. Celui-ci se repassa le message pour la troisième fois avant de ramasser le projecteur et l'accrocher à sa ceinture.
- C'est dans trois quarts d'heure.
- ...
- Plus que suffisant pour envoyer une escouade épauler les forces de police... Mais est-ce que ce n'est pas une opportunité pour... Hum...
L'Umbaran réfléchissait à voix haute en faisant les cent pas. A travers les bribes d'idées qu'il lançait, Alyx comprit qu'il ne voulait pas simplement envoyer des troupes de choc arrêter Fazer, ses hommes et son revendeur. Il avait une autre idée en tête, et lorsqu'il s'arrêta de marcher et leva doucement les yeux sur elle, la jeune femme comprit qu'elle n'allait pas aimer.
- Si on les arrête tout de suite, ils ne parleront probablement pas plus que la dizaine qu'on attrapé ces derniers mois.
- E-Et pourquoi est-ce... Que tu me regardes... Comme ça..?
- Illusive, c'est soudain mais je vais avoir besoin de ton aide. Je n'ai pas d'agent à disposition dans des délais suffisants. Nous allons nous rendre à l'usine et espionner cet échange. C'est peut-être le seul moyen d'en apprendre plus sur notre cible !