<< Pour prendre des décisions, une assemblée doit avoir un nombre impair, et trois, c'est déjà de trop. >>
Une séance au Conseil venait de se terminer, et c'était, pour ainsi dire... à peu près comme j'aurais pu le prévoir. De l'ancien Empire, je n'avais jamais assisté qu'à un Conseil portes closes, faisant les cent pas devant deux gardes royaux tandis que mon défunt oncle, Arkhaus Thraka, parlait de redressement économique dans son secteur aujourd'hui éparpillé entre trois gouvernements. Les restes du Sur-Secteur Hydien étaient allés à Thoryn, Thrawn et Kiez, et les planètes au Terminus de ce Sur-Secteur qui couvrait également une grande partie de la Voie Hydienne étaient passées aux rebelles.
Et de savoir que maintenant j'y
siégeais... Non, quelque chose ne tournait pas rond. Comme un piston invisible et sans nom à mettre dessus...
Mais s'il y avait des êtres qui eux en semblaient ravis, c'étaient ma petite famille et Madhi. Un logement de fonction - et plutôt luxueux - sur une planète secrète et lourdement fortifiée, une voiture - avec chauffeur, s'il vous plaît ! - et elle semblait s'en satisfaire pleinement. C'est vrai que payer un très petit loyer pour un appartement de 400m² - et encore, avec le salaire qui va avec, ce n'est pas quelque chose que j'aurais eu du mal à supporter - c'était un plan plutôt intéressant. Les marmots pouvaient faire des courses dans les couloirs sans même qu'on les entende, et le salon pouvait servir de salle de réception pour plusieurs dizaines de convives.
Maintenant cela faisait quelques temps que j'alternais entre travail et sommeil, mais quelque chose allait bientôt changer...
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| [font=Lucida Fax]Tu as reçu du courrier chéri, il est arrivé il y a peu.[/font] | |
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Un air dubitatif plus tard, j'ouvrais le message frappé du sceau du Triumvirat. Un message sobre mais bien explicite. Une invitation de la Consule Isard dans un hôtel apparemment huppé en plein centre-ville. Sûrement un genre de réception spéciale en honneur au Nouveau Conseil.
Comme il est de coutume, je jetais le message dans un endroit où il serait détruit sans laisser de trace - la cheminée présentement - et posait mes coudes sur la rambarde surplombant le salon.
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| [font=Lucida Fax]La politique... on pense que c'est des élections, des campagnes d'affichage, des campagnes militaires, des accords commerciaux et des mesures prises pour la population... alors qu'en réalité, c'est cela... des invitations, des sourires aussi faux que fades, des coups cachés sans qu'on puisse en deviner la vraie nature... c'est un jeu pervers et sadique que seuls les meilleurs initiés peuvent pratiquer. Dommage que je n'en sois pas un... mais refuser une invitation de quelqu'un dont c'est le métier d'être sadique et faux, c'est signer son arrêt de mort.
Que devrais-je faire ? Refuser ? Non, si j'accepte au moins, je peux y trouver une occasion d'aborder ce monde avec justesse, et au pire... juste m'amuser. Carnage, et alors seront lâchés les chiens de guerre.[/font] | |
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Mais maintenant s'imposait une nécessité existentielle... comment s'habiller ?
De ce que j'en avais compris, les compagnons proches étaient également conviés, dès lors que les personnes étaient de confiance, et respectant les standards d'habillement. Heureusement, maintenant j'avais les moyens : c'était un ensemble complet, veste et pantalon de smoking, chemise unie et pas de noeud pap ou de cravate. Et sous cet attirail, deux chaussures en cuir de rancor lustrées.
Je me sens tarte avec ça... Quand j'avais voulu enfiler un bête gilet en ultrachrome, des coudières et genouillères en duracier ou à la rigueur un gilet pare-balle, Sarah avait suffisamment insisté - en me tordant les parties jusqu'à ce que je cède - pour que j'y aille en simple tenue mondaine. Rasé de près et coiffé comme un as de pique, je tenais à mes bras de chaque côté une ravissante femme, l'une étant ma compagne depuis 10 ans, et l'autre ma coéquipière depuis presque autant. Je me demandais quel effet ferait une Devaronienne à ce genre de soirée... mais un porte-flingue discret en qui j'avais une totale confiance ne serait pas de trop.
Sarah avait opté pour une robe échancrée noire avec des bords pailletés et une ligne de stylisme laissant voir son nombril, Madhi une simple robe blanche fort moulante, plus pratique pour bouger rapidement. Ses cheveux blonds attachés en queue de cheval, ma femme tendit elle-même l'invitation jointe au message - que j'avais faillit brûler comme un imbécile - et nous pûmes entrer... la sécurité était à son comble, et de ce que je voyais de mes yeux avertis, rien n'était dans des zones hors-champ de caméra, les vitres étaient bien placées et les couloirs parfaitement sécurisés.
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| [font=Lucida Fax]Il y a un avantage à être l'ancienne chef d'un service des renseignements d'état... ayant été agente dans sa jeunesse, Isard sait comment contourner des sécurités, il lui suffit d'inventer un système qui l'empêche elle-même de s'infiltrer, et le tour est joué. Ce qui crée le plombier, ce n'est pas l'outil, c'est la fuite d'eau.[/font] | |
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Il semblerait que nous soyons les premiers invités sur place... tant mieux, j'aurais sans doute l'occasion de discuter en privé avec certains d'entre eux. En pénétrant dans le salon, une drôle de sensation m'envahit, comme une bouffée d'air frais après un voyage dans le désert... Et je ne suis apparemment pas le seul, les deux créatures... euh, femmes qui me secondent semblent aussi atteintes de cette curieuse sensation.
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| [font=Lucida Fax]Je ne sais pas vous, mais...[/font] [font=Lucida Fax]Oui, moi aussi je...[/font] [font=Lucida Fax]Je me sens...[/font] [font=Lucida Fax]... bieeeeeeeen...[/font] [font=Lucida Fax]... oh ouiii...[/font] | |
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Et d'un coup, j'ai eu envie de retirer ma veste et de l'accrocher au premier porte-manteau qui passait par là, avant de contenir les deux gourmandes qui ne demandaient qu'à s'enfiler de bons gâteaux et de crème chantilly. Au moins attendre d'être un peu plus avant de commencer les festivités. En tout cas, Madhi n'aurait rien à craindre concernant l'alcool : un Devaronien, ça possède deux foies.