- ven. 1 févr. 2019 13:06
#35002
- Observer et apprendre
- Chol, le soleil de Cholganna, montait lentement dans les cieux, empereur lumineux, funeste et pourtant si évident de ces lieux. Ses rayons dardait paresseusement sa lueur, perçant à peine les feuillages éreintés des nombreux arbres qui composaient les jungles d’Indona et laissant encore la pénombre maîtresse des lieux pour une poignée de minutes, certainement. Dans ces ténèbres promises à une fin rapide, des ombres se mouvaient prestement, nourrissant des projets bien particuliers. Cette chaleur en devenir commençait déjà à révéler la pestilence qu’exsudait la peau de Meedo, le rodien qui avait docilement accepté de la guider après la promesse d’une bonne liasse de crédits pour son office. Le gaillard se targuait de connaître tous les coins foisonnant sur ce continent et si elle y avait au préalable décelé quelques fanfaronnades, elle avait choisi de lui faire confiance, guidée en ça par la Force. Ici, elle était partout et elle toute puissante, comme presque partout lorsque l’on s’arrêtait sur une planète laissée presque vierge des affres de la technologie.
Oh, bien sûr Cholganna n’était pas totalement pure, ça non, elle avait ça et là dû accepter les avances de quelques colons depuis la nuit des temps et il demeurait de ces passages quelques bases avancées mais jamais aucune mégapole ne s’était développé en son sein. La dernière implantation datait de la Guerre des Clones et venait de la CSI qui avait trouvé un intérêt stratégique à une planète qui ne semblait en posséder aucun, par trop excentrée du centre galactique. Un défaut qui l’avait même vu éviter toute tentative d’accaparation à la fin de la Guerre Civile Galactique, aussi bien côté Empire que côté Nouvelle République. Ce trou perdu au fin fond de l’espace n’attirait que les renégats et les braconniers.
Et elle.
Bien que l’odeur pestilentielle qui suintait à la surface de la peau du rodien la genât, elle ne dit rien. Ses cheveux d’un bleu clair, tirant presque sur le cyan faisait d’elle une voyageuse qu’on n’oubliait pas de sitôt, qu’on croyait connaître mais qu’on arrivait pas à remettre. Normal, elle avait été l’égérie de Corellia lors de nombreux passages remarqués à l’holotv, mais c’était une autre femme qui s’était tenu devant les milliards de spectateurs : cheveux rouges, air propre sur elle, sensibilité apparente qui donnait à la personne devant son poste l’envie de croire qu’elle était aussi normale qu’eux. Cette fille n’existait plus, elle avait changé. De la même manière qu’on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière, Hayley était devenu autre chose. Ses cheveux bleus encadrait un visage dont on pût difficilement dire que la moindre émotions l’eût traversé, une impression d’autant plus troublante qu’elle affichait un air absent omniprésent à la moindre interactions, comme si les choses pour lesquels on la dérangeait ne méritait pas une quelconque considération de sa part. Alors un sentiment troublait s’emparait de vous, ambivalence entre l’agacement et la curiosité si tant est que votre intellect et votre sensibilité vous permettent de vous intéresser un tant soit peu à ce genre de choses. C’est peut-être ça qui avait poussé Meedo, impitoyable en général sur la réception de la somme qui loue ses services, à accepter de ne pas être rémunéré immédiatement.
Les deux compagnons suivait ce qui ressemblait vaguement à un sentier, bien que la présence de nombreuses hautes herbes le traversant pouvait contester ce fait, toujours se rapprochant de la jungle où se trouvait l’objet de l’intérêt d’Hayley. Sa perception était toute ouverte, à l’affût du moindre bruit pour essayer d’en déceler quel en était la potentielle cause, un exercice aussi agréable que salutaire pour elle, mais qui trouva une interruption brève mais désagréable lorsque Meedo prit la parole, crachant dans un basic très approximatif :
- - M’avez pas dit le pourquoi ?
Malgré la désagréable surprise qu’avait d’entendre le son de la voix du rodien, elle n’en laissa rien transparaître, affichant un regard aussi froid et détaché que le visage d’albâtre qu’elle affichait.
- - Tu n’as pas besoin de ce rigolo, débarrasse-t-en, une bonne fois pour toute.
Oui, elle était encore là, ce qui s’avérait d’autant plus gênant après tout les efforts qu’Hayley avait déployé pour faire comme si elle n’avait jamais existé. Heureusement que personne ne savait, pourtant, car ce détachement qu’elle cultivait aurait pu passer pour une mince tentative de nier la part de folie qui avait pris naissance en elle et s’était développée presque aussi vite qu’un cancer.
- - Je suis ici pour observer et apprendre, Meedo. Je veux savoir ce que sont les nexu, intrinsèquement.
Son ton avait été sec, et elle avait fait sentir à son interlocuteur que ce qu’elle débitait aurait dû être une évidence, pour lui.
- - Bêtes.
Des bêtes, évidemment, comme elle était sotte, elle aurait dû réaliser. Elle devrait peut-être envisager de faire demi-tour, il avait répondu à la question, après tout. Elle se morigéna de ce mépris qu’elle ressentait et qui semblait plus être la conséquence de l’irruption de l’Autre que de son propre caractère, pour finalement essayer de répondre quelque chose dont elle avait l’espoir que cela mette fin à la conversation.
- - Oui, mais chaque animal à sa place dans un écosystème et sa façon d’interagir avec, chaque animal à sa façon de fonctionner, également. C’est ce qui m’intéresse chez les nexu, je les étudie pour comprendre un peu mieux comment ils fonctionnent à l’état sauvage.
Demie-vérité.