- jeu. 27 juil. 2017 14:00
#29329
D'un coup de dent rapide, je tirais un tendon hors de sa carcasse et la mâchonnait avec force de bruit. La chair crue m'offrit un répit à mon estomac vidé depuis un moment, le jeûne se terminant en un festin goûtu qui eut loisir de me remplir la panse jusqu'à satiété. Quand la bête se fut morte, expirant enfin sous mes assauts invincibles, je tournais une bouche gorgée d'un sang âcre et noirci par la corruption des lieux, et souris à pleins crocs vers le duo restant. Je tortillais ma mâchoire pour faire grincer sinistrement les extensions de ma soif, dans un crissement terrible aux tympans pour signaler que je les attendais.
Reprenant un peu de constance, les chiens maléfiques semblaient déterminer à tenter leur chance, semblant se résoudre à la solution du nombre et de la tactique plutôt qu'à l'effet de surprise, une première stratégie si efficace que leur chef bien-aimé l'avait payé en expiant ses péchés. Pourtant, la suite me laissa perplexe, et eut mérite à faire mourir mon sourire narquois de défi, empli de plaisir par anticipation. Je vis les bêtes s'incliner. Qu'était-ce là ? Un jeu, un piège ? Je sifflais entre mes crocs et me redressais. Ma langue passa sur mes rangées de dents, constatant que, inversement à mes griffes, mes appendices vampiriques semblaient déterminer à rester en place. Je passais amoureusement mon muscle dessus et goûtais un résidu cuivré déposé dessus. Si c'était le prix à payer, ma foi...
J'avais connu pire.
Je n'accordais pas un regard vers les chiens. Ils ne m'intéressaient pas le moins du monde. Mais alors que je faisais un pas en avant, il me vint à l'idée que ce qui les avait fait changer d'avis pouvait se retourner contre moi. La trahison résidait aussi dans les bêtes. Je me tournais alors et fit signe aux deux chiens de sortir du tombeau. Hors de question de les avoir dans mes pattes.
Viens à moi...
Oh. Un ordre venu d'un usurpateur. L'ironie me laissait à tirailler face à ce qui n'était pas le moins du monde un ordre légitime. Je restais planté là un petit moment, à débattre de ce que je devais faire. Y aller ? J'étais là pour ça, sur base d'un ordre de Quelque Chose pour qui j'étais en servitude pleine et entière. Mais si je le faisais, j'obéissais tacitement à un blasphémateur.
Il y avait une satisfaction rhétorique à énoncer que j'obéissais déjà. Si je prétendais être libre, il aurait pu se gausser en expliquant qu'il me laissait le croire. En évoquant un maître plus haut placé, et objectif - sans le Côté Obscur, nul Sith pour se vanter d'en être un - j'évoquais son manque de puissance face au Vrai Pouvoir.
Mais par un concours de circonstance, je me voyais face à un embranchement. Dédale de tombeau, je me trouvais à la merci d'un guide de paille, et les chiens congédiés, je m'en étais livré à moi-même. Mais si je trouvais l'entrée, j'aurais aussi bien pu ne pas trouver la sortie au retour. Il était facile de perdre un voyageur imprudent dans ce genre de lieu.
Que faire alors ?
Je pris la décision qui s'imposait. Je portais aux yeux mon avant-bras meurtri de plus tôt, et le plaçais devant ma bouche. Les crocs à vif poussés plus tôt servirent à rouvrir l'entaille, d'un coup sec latéral, Slac !
Le sang coula de nouveau, plus faiblement, mais assez que j'étale brièvement une marque carmin sur l'angle des murs. Un fil d'Arianne composé de mon sang languissant... même séché, je pouvais encore, par Son Biais, le sentir comme mien, et me guider grâce à mes fluides.
Je marchais alors d'instinct, couvrant les angles à mesure de mon avancée, ouvrant encore un peu la plaie quand je sentais la source se tarir. Jusqu'à ce que je trouve l'antre de celui qui s'était cru en droit de m'appeler, de me donner un rendez-vous, comme un laquais moyen.
Au sol brillait une brume mauve, belle et flambante. Parfois s'échappa un volute qui s'enroulait autour de ma jambe, comme un tentacule langoureux qui aurait souhaité glisser sur moi et m'absorber. Résidu spirituel torturé cherchant un corps de substrat. Triste sort, pour un triste sire.
Respirer la brume, sentir la brume, glisser dans la brume, marcher sur la brume... Je sentais des afflux de toute part. Cherchait-elle à me corrompre ? M'aider ? Me tourmenter ? Me liquéfier ? Peut-être un peu de tout ça en même ? Qu'importait alors. J'observais. J'aimais l'endroit à y réfléchir. Je m'y sentais à ma place. Et, pour briser le tableau, compléter grossièrement la mise en scène, un simple cercueil de pierre vieilli. Une déception.
Ici repose la Grande Modeleuse, Celle qui comprit tout et Créa autant qu'Elle Déforma.
Du haut ridicule. La compréhension venait de Lui, il était Tout et il n'était Rien. Créer et déformer... grâce à qui ? Grâce à Lui, uniquement Lui, toujours Lui, avant, maintenant, et à jamais. Menteurs, tous, de se prétendre gardiens du savoir. Ils n'en étaient que bénéficiaires.
Je posais deux mains sur le cercueil, sourd au martèlement sanguin qui parvenait à mes mains. Je sentais maintenant... la connexion, le coeur qui bat. Tum tum... Tum tum... Aussi étrange que cela aurait pu sembler, je sentais que la vie, loin de s'être éteinte ici, n'avait jamais été aussi présente, aussi... omnipotente.
Et d'un coup brutal, avec la force des Dieux, je poussais le cercueil, dont le couvercle alla s'effondrer de l'autre côté, brisé en deux, soulevant la poussière. Poussière qui tomba en lambeaux pour révéler son sombre présage...
Reprenant un peu de constance, les chiens maléfiques semblaient déterminer à tenter leur chance, semblant se résoudre à la solution du nombre et de la tactique plutôt qu'à l'effet de surprise, une première stratégie si efficace que leur chef bien-aimé l'avait payé en expiant ses péchés. Pourtant, la suite me laissa perplexe, et eut mérite à faire mourir mon sourire narquois de défi, empli de plaisir par anticipation. Je vis les bêtes s'incliner. Qu'était-ce là ? Un jeu, un piège ? Je sifflais entre mes crocs et me redressais. Ma langue passa sur mes rangées de dents, constatant que, inversement à mes griffes, mes appendices vampiriques semblaient déterminer à rester en place. Je passais amoureusement mon muscle dessus et goûtais un résidu cuivré déposé dessus. Si c'était le prix à payer, ma foi...
J'avais connu pire.
Je n'accordais pas un regard vers les chiens. Ils ne m'intéressaient pas le moins du monde. Mais alors que je faisais un pas en avant, il me vint à l'idée que ce qui les avait fait changer d'avis pouvait se retourner contre moi. La trahison résidait aussi dans les bêtes. Je me tournais alors et fit signe aux deux chiens de sortir du tombeau. Hors de question de les avoir dans mes pattes.
Viens à moi...
Oh. Un ordre venu d'un usurpateur. L'ironie me laissait à tirailler face à ce qui n'était pas le moins du monde un ordre légitime. Je restais planté là un petit moment, à débattre de ce que je devais faire. Y aller ? J'étais là pour ça, sur base d'un ordre de Quelque Chose pour qui j'étais en servitude pleine et entière. Mais si je le faisais, j'obéissais tacitement à un blasphémateur.
« Je trouverai ta tombe, être de mensonges. Mais pas par ton ordre. Je vais à toi sur ordre d'un Maître qui te dépasse et te dépassera à jamais... »
Il y avait une satisfaction rhétorique à énoncer que j'obéissais déjà. Si je prétendais être libre, il aurait pu se gausser en expliquant qu'il me laissait le croire. En évoquant un maître plus haut placé, et objectif - sans le Côté Obscur, nul Sith pour se vanter d'en être un - j'évoquais son manque de puissance face au Vrai Pouvoir.
Mais par un concours de circonstance, je me voyais face à un embranchement. Dédale de tombeau, je me trouvais à la merci d'un guide de paille, et les chiens congédiés, je m'en étais livré à moi-même. Mais si je trouvais l'entrée, j'aurais aussi bien pu ne pas trouver la sortie au retour. Il était facile de perdre un voyageur imprudent dans ce genre de lieu.
Que faire alors ?
Je pris la décision qui s'imposait. Je portais aux yeux mon avant-bras meurtri de plus tôt, et le plaçais devant ma bouche. Les crocs à vif poussés plus tôt servirent à rouvrir l'entaille, d'un coup sec latéral, Slac !
Le sang coula de nouveau, plus faiblement, mais assez que j'étale brièvement une marque carmin sur l'angle des murs. Un fil d'Arianne composé de mon sang languissant... même séché, je pouvais encore, par Son Biais, le sentir comme mien, et me guider grâce à mes fluides.
Je marchais alors d'instinct, couvrant les angles à mesure de mon avancée, ouvrant encore un peu la plaie quand je sentais la source se tarir. Jusqu'à ce que je trouve l'antre de celui qui s'était cru en droit de m'appeler, de me donner un rendez-vous, comme un laquais moyen.
Au sol brillait une brume mauve, belle et flambante. Parfois s'échappa un volute qui s'enroulait autour de ma jambe, comme un tentacule langoureux qui aurait souhaité glisser sur moi et m'absorber. Résidu spirituel torturé cherchant un corps de substrat. Triste sort, pour un triste sire.
Respirer la brume, sentir la brume, glisser dans la brume, marcher sur la brume... Je sentais des afflux de toute part. Cherchait-elle à me corrompre ? M'aider ? Me tourmenter ? Me liquéfier ? Peut-être un peu de tout ça en même ? Qu'importait alors. J'observais. J'aimais l'endroit à y réfléchir. Je m'y sentais à ma place. Et, pour briser le tableau, compléter grossièrement la mise en scène, un simple cercueil de pierre vieilli. Une déception.
Ici repose la Grande Modeleuse, Celle qui comprit tout et Créa autant qu'Elle Déforma.
Du haut ridicule. La compréhension venait de Lui, il était Tout et il n'était Rien. Créer et déformer... grâce à qui ? Grâce à Lui, uniquement Lui, toujours Lui, avant, maintenant, et à jamais. Menteurs, tous, de se prétendre gardiens du savoir. Ils n'en étaient que bénéficiaires.
« Voleur. Tu as volé un savoir au Côté Obscur. Tu as tiré de Sa source une enseignement dont tu as assuré la paternité. Malapris. Mais je t'absous de ton péché d'orgueil en reprenant ce savoir... »
Je posais deux mains sur le cercueil, sourd au martèlement sanguin qui parvenait à mes mains. Je sentais maintenant... la connexion, le coeur qui bat. Tum tum... Tum tum... Aussi étrange que cela aurait pu sembler, je sentais que la vie, loin de s'être éteinte ici, n'avait jamais été aussi présente, aussi... omnipotente.
« ... pour le rétribuer à Notre Maître... à l'Unique... »
Et d'un coup brutal, avec la force des Dieux, je poussais le cercueil, dont le couvercle alla s'effondrer de l'autre côté, brisé en deux, soulevant la poussière. Poussière qui tomba en lambeaux pour révéler son sombre présage...