- mer. 6 déc. 2017 20:56
#30659
3 ABY, un mardi matin, une semaine avant l'attaque
Sabina! Reviens ici!
La femme tourna la tête juste à temps pour voir passer en trombe par la porte d'entrée la petite silhouette d'une enfant. Elle poussa un long soupir fatigué à l'idée de devoir poursuivre sa fille au-dehors. Elle dut batailler avec les cartons et tout le capharnaüm qui régnait dans le salon de la petite maison. Le déménagement occupait tout leur temps à elle et son mari, si bien que gérer leur jeune fille était plus qu'épuisant.
Il neigeait dehors, relativement abondamment, au point de tapisser les toits des maisons et immeubles de la capitale, Pantora City, d'un épais rideau blanc, d'un blanc pur. Ce spectacle lui arracha un pincement au cœur involontaire. Dans quelques jours, il leur faudrait dire adieu à ce paysage et ces décors douloureusement familiers pour en connaitre d'autres. Il fallait abandonner leur foyer pour trouver fortune ailleurs.
Elle ne portait guère plus que son débardeur avec un court pantalon et ne ressentait pas le froid. En fait, là ou les non-Pantorans auraient pu frissonner voire être congelés pour les moins habitués, elle même ressentait cela comme étant ordinaire. C'était une particularité qui avait toujours eu le don d'étonner les visiteurs et faire rire Mersadie et sa fille. Cela lui rappelait les jours heureux et tranquilles passés à flâner sur la place du marché, observant les babioles des marchands tandis que sa fille s'émerveillait de croiser des visiteurs et touristes. Une époque plus innocente.
Impossible de la retrouver d'ailleurs, ou qu'elle regardât autour d'elle, elle ne voyait rien, les flocons de neige n'aidant pas, celle-ci tombant trop vite et couvrant les éventuelles traces. Retrouver sa fille allait être très compliqué et elle était déjà en retard pour les préparatifs. Quelle galère.
Voyons voyons. Ou pourrait-elle s'être cachée? Surement pas chez ses copines, leurs parents auraient surement déjà appelé pour me prévenir et elle est assez futée pour le savoir. Surement pas non plus jusqu'au centre-ville, la dernière fois qu'elle a essayé, elle a été terrifiée au point de ne plus sortir de sa chambre une semaine durant... Oh mais une seconde, je crois que je sais...
La Pantoran s'empressa de se diriger vers l'endroit ou elle pensait retrouver sa fille, ses chaussures traçant un sillon dans la neige rapidement effacé par les flocons tombant sans discontinuer. 10 minutes plus tard, elle était arrivée dans la petite clairière avec la fontaine au centre. L'eau avait gelé à cette époque de l'année mais la construction vieille de plusieurs siècles restait toujours parfaitement entretenue.
Une petite fille était assise au bord, ses main caressant la surface gelée comme si elle parvenait à tremper les doigts dans l'eau. Elle n'avait pas encore pris conscience de la présence de sa mère, laquelle approchait doucement à présent. Elle connaissait bien sa petite, un faux mouvement et le caractère féroce de l'enfant la pousserait à reprendre sa course. En d'autres temps, elle se serait prêtée au jeu, mais pas là.
Sabina? Je suis là. Qu'est-ce que tu fait ici jeune fille?
L'enfant se retourna brusquement, ses longs cheveux d'un marron profond virevoltant en éclaboussant bien involontairement sa mère de la neige qui s'y était collée. Elle ouvrit en grand ses yeux jaunes, sa bouche ouverte formant un O de surprise. Elle avait déjà pris son élan et s'était élancée pour s'enfuir mais sa mère, rodée au caractère épuisant de sa progéniture, avait bondi pour l'attraper. Mère et fille tombèrent dans le sol couvert de neige.
Mais enfin pourquoi tu veux t'enfuir comme ça jeune fille?
J'veux pas partir m'man! J'veux pas!
On en a déjà parlé Sabina... Ton père et moi on t'a expliqué pourquoi on devait partir.
Mais j'veux pas! C'est chez moi ici! Pourquoi on peut pas rester?
Parce qu'on aura une meilleure vie là ou ton père a été muté, je te le promet. C'est un très beau monde cette Naboo tu sais.
Tu me montreras les holos m'man?
Oui, ce soir avant que tu ailles dormir. Promis.
Sabina cessa de se débattre sous la poigne de sa mère, temporairement apaisée par ses paroles. D'un enthousiasme débordant rehaussé par sa fierté, la gamine pouvait se calmer ou s'énerver en un instant. Nul doute qu'en grandissant elle deviendrait une fille au cœur d'or mais difficilement gérable. Mersadie plaignait déjà son futur compagnon.
J'aimerais bien qu'on l'amène avec nous là-bas.
Elle disait ça en pointant du doigt la fontaine.
Moi aussi j'aimerais bien. C'est malheureusement impossible, on ne peut pas prendre une fontaine et la mettre dans les valises!
Mais c'est quand même le seul souvenir qu'on ait de papy, je ne veux pas le laisser comme ça!
On reviendra de temps en temps en vacances et tu pourras te recueillir ma chérie. N'oublie jamais qui tu es et d'ou tu viens, ni de nos coutumes. Elles feront toujours partie de toi. Toujours.
De nos jours
PNJ : Darth Varadesh
Depuis combien de temps elle n'était pas revenue ici au juste?
Elle regardait les nuages défiler sous la vitre depuis son siège de pilote de son explorer E-9. Son assistant droïde assurait les manœuvres d'atterrissage sans trop de difficultés, la laissant perdue dans ses pensées. Revenir lui causait une douleur sourde à la poitrine et elle savait très bien ce que ça signifiait. Ici elle avait dit adieu à tout ce qu'elle avait connu et aimé, ici elle avait perdu ce à quoi elle tenait tant.
Elle se souvenait encore de cette journée de départ, quand elle avait posé les yeux pour la dernière fois sur le paysage familier et bien-aimé. Elle s'était endormie sans avoir pu empêcher les larmes de couler librement le long de ses joues juvéniles. Elle avait pensé que leur absence ne durerait pas longtemps, qu'elle pourrait revenir dans quelques mois peut-être. Et puis elle avait rouvert les yeux plus tard, beaucoup plus tard, et elle avait vu...
Ce qu'une petite fille de 11 ans n'aurait jamais du voir.
L'explorer se posa sans encombre, tout comme les douanes ne lui posèrent aucun souci. Il était temps pour elle de sortir, de poser les pieds sur son monde natal, sa patrie, sa maison. Elle indiqua à son assistant de rester là et prendre soin du vaisseau en son absence. Ce voyage en était un qu'elle devait accomplir seule. Elle enfila un manteau long noir par-dessus son t-shirt vert très foncé voire sombre. Une tenue pratique, confortable et fonctionnelle.
Sa seule petite extravagance venait de ses boucles d'oreilles récemment mises d'un blanc argenté léger. Ses cheveux étaient pour l'heure librement disposés. Inspirant un grand coup, elle ouvrit le sas et sortit. Pantora accueillait une de ses filles disparues trop tôt et pleurait de joie ou de tristesse devant ce spectacle. Des flots de neige, douloureusement familiers, coulaient du ciel.
Elle leva une main pour attraper délicatement un flocon de neige avant de l'examiner du bout de son pouce, songeuse. Elle ne savait pas très bien ce qu'elle ressentait mais elle n'était pas indifférente à la tempête qui faisait rage en elle. Elle laissa tomber le petit flocon avant de reprendre sa route. Dans sa poche, elle gardait précieusement rangé un pendentif, dernier souvenir d'une vie déchirée des années auparavant.
Il fallait maintenant qu'elle se rappelle un peu l'endroit ou elle avait vécu histoire de visualiser les changements depuis son départ. Elle ne pouvait pas savoir que non loin d'ici, à quelques systèmes de là, une menace pointait le bout de son nez pour venir s'occuper d'elle. Et elle était loin de se douter que la source de sa chance de s'en sortir y était également, prête à utiliser jusqu'à ses cornes pour se faire.
3 ABY, un mardi matin, une semaine avant l'attaque
Sabina! Reviens ici!
La femme tourna la tête juste à temps pour voir passer en trombe par la porte d'entrée la petite silhouette d'une enfant. Elle poussa un long soupir fatigué à l'idée de devoir poursuivre sa fille au-dehors. Elle dut batailler avec les cartons et tout le capharnaüm qui régnait dans le salon de la petite maison. Le déménagement occupait tout leur temps à elle et son mari, si bien que gérer leur jeune fille était plus qu'épuisant.
Il neigeait dehors, relativement abondamment, au point de tapisser les toits des maisons et immeubles de la capitale, Pantora City, d'un épais rideau blanc, d'un blanc pur. Ce spectacle lui arracha un pincement au cœur involontaire. Dans quelques jours, il leur faudrait dire adieu à ce paysage et ces décors douloureusement familiers pour en connaitre d'autres. Il fallait abandonner leur foyer pour trouver fortune ailleurs.
Elle ne portait guère plus que son débardeur avec un court pantalon et ne ressentait pas le froid. En fait, là ou les non-Pantorans auraient pu frissonner voire être congelés pour les moins habitués, elle même ressentait cela comme étant ordinaire. C'était une particularité qui avait toujours eu le don d'étonner les visiteurs et faire rire Mersadie et sa fille. Cela lui rappelait les jours heureux et tranquilles passés à flâner sur la place du marché, observant les babioles des marchands tandis que sa fille s'émerveillait de croiser des visiteurs et touristes. Une époque plus innocente.
Impossible de la retrouver d'ailleurs, ou qu'elle regardât autour d'elle, elle ne voyait rien, les flocons de neige n'aidant pas, celle-ci tombant trop vite et couvrant les éventuelles traces. Retrouver sa fille allait être très compliqué et elle était déjà en retard pour les préparatifs. Quelle galère.
Voyons voyons. Ou pourrait-elle s'être cachée? Surement pas chez ses copines, leurs parents auraient surement déjà appelé pour me prévenir et elle est assez futée pour le savoir. Surement pas non plus jusqu'au centre-ville, la dernière fois qu'elle a essayé, elle a été terrifiée au point de ne plus sortir de sa chambre une semaine durant... Oh mais une seconde, je crois que je sais...
La Pantoran s'empressa de se diriger vers l'endroit ou elle pensait retrouver sa fille, ses chaussures traçant un sillon dans la neige rapidement effacé par les flocons tombant sans discontinuer. 10 minutes plus tard, elle était arrivée dans la petite clairière avec la fontaine au centre. L'eau avait gelé à cette époque de l'année mais la construction vieille de plusieurs siècles restait toujours parfaitement entretenue.
Une petite fille était assise au bord, ses main caressant la surface gelée comme si elle parvenait à tremper les doigts dans l'eau. Elle n'avait pas encore pris conscience de la présence de sa mère, laquelle approchait doucement à présent. Elle connaissait bien sa petite, un faux mouvement et le caractère féroce de l'enfant la pousserait à reprendre sa course. En d'autres temps, elle se serait prêtée au jeu, mais pas là.
Sabina? Je suis là. Qu'est-ce que tu fait ici jeune fille?
L'enfant se retourna brusquement, ses longs cheveux d'un marron profond virevoltant en éclaboussant bien involontairement sa mère de la neige qui s'y était collée. Elle ouvrit en grand ses yeux jaunes, sa bouche ouverte formant un O de surprise. Elle avait déjà pris son élan et s'était élancée pour s'enfuir mais sa mère, rodée au caractère épuisant de sa progéniture, avait bondi pour l'attraper. Mère et fille tombèrent dans le sol couvert de neige.
Mais enfin pourquoi tu veux t'enfuir comme ça jeune fille?
J'veux pas partir m'man! J'veux pas!
On en a déjà parlé Sabina... Ton père et moi on t'a expliqué pourquoi on devait partir.
Mais j'veux pas! C'est chez moi ici! Pourquoi on peut pas rester?
Parce qu'on aura une meilleure vie là ou ton père a été muté, je te le promet. C'est un très beau monde cette Naboo tu sais.
Tu me montreras les holos m'man?
Oui, ce soir avant que tu ailles dormir. Promis.
Sabina cessa de se débattre sous la poigne de sa mère, temporairement apaisée par ses paroles. D'un enthousiasme débordant rehaussé par sa fierté, la gamine pouvait se calmer ou s'énerver en un instant. Nul doute qu'en grandissant elle deviendrait une fille au cœur d'or mais difficilement gérable. Mersadie plaignait déjà son futur compagnon.
J'aimerais bien qu'on l'amène avec nous là-bas.
Elle disait ça en pointant du doigt la fontaine.
Moi aussi j'aimerais bien. C'est malheureusement impossible, on ne peut pas prendre une fontaine et la mettre dans les valises!
Mais c'est quand même le seul souvenir qu'on ait de papy, je ne veux pas le laisser comme ça!
On reviendra de temps en temps en vacances et tu pourras te recueillir ma chérie. N'oublie jamais qui tu es et d'ou tu viens, ni de nos coutumes. Elles feront toujours partie de toi. Toujours.
De nos jours
Depuis combien de temps elle n'était pas revenue ici au juste?
Elle regardait les nuages défiler sous la vitre depuis son siège de pilote de son explorer E-9. Son assistant droïde assurait les manœuvres d'atterrissage sans trop de difficultés, la laissant perdue dans ses pensées. Revenir lui causait une douleur sourde à la poitrine et elle savait très bien ce que ça signifiait. Ici elle avait dit adieu à tout ce qu'elle avait connu et aimé, ici elle avait perdu ce à quoi elle tenait tant.
Elle se souvenait encore de cette journée de départ, quand elle avait posé les yeux pour la dernière fois sur le paysage familier et bien-aimé. Elle s'était endormie sans avoir pu empêcher les larmes de couler librement le long de ses joues juvéniles. Elle avait pensé que leur absence ne durerait pas longtemps, qu'elle pourrait revenir dans quelques mois peut-être. Et puis elle avait rouvert les yeux plus tard, beaucoup plus tard, et elle avait vu...
Ce qu'une petite fille de 11 ans n'aurait jamais du voir.
L'explorer se posa sans encombre, tout comme les douanes ne lui posèrent aucun souci. Il était temps pour elle de sortir, de poser les pieds sur son monde natal, sa patrie, sa maison. Elle indiqua à son assistant de rester là et prendre soin du vaisseau en son absence. Ce voyage en était un qu'elle devait accomplir seule. Elle enfila un manteau long noir par-dessus son t-shirt vert très foncé voire sombre. Une tenue pratique, confortable et fonctionnelle.
Sa seule petite extravagance venait de ses boucles d'oreilles récemment mises d'un blanc argenté léger. Ses cheveux étaient pour l'heure librement disposés. Inspirant un grand coup, elle ouvrit le sas et sortit. Pantora accueillait une de ses filles disparues trop tôt et pleurait de joie ou de tristesse devant ce spectacle. Des flots de neige, douloureusement familiers, coulaient du ciel.
Elle leva une main pour attraper délicatement un flocon de neige avant de l'examiner du bout de son pouce, songeuse. Elle ne savait pas très bien ce qu'elle ressentait mais elle n'était pas indifférente à la tempête qui faisait rage en elle. Elle laissa tomber le petit flocon avant de reprendre sa route. Dans sa poche, elle gardait précieusement rangé un pendentif, dernier souvenir d'une vie déchirée des années auparavant.
Il fallait maintenant qu'elle se rappelle un peu l'endroit ou elle avait vécu histoire de visualiser les changements depuis son départ. Elle ne pouvait pas savoir que non loin d'ici, à quelques systèmes de là, une menace pointait le bout de son nez pour venir s'occuper d'elle. Et elle était loin de se douter que la source de sa chance de s'en sortir y était également, prête à utiliser jusqu'à ses cornes pour se faire.