- mar. 2 juil. 2019 12:01
#35744
Il avait la gorge sèche comme s'il avait trop parlé au point d'en avoir très soif et il sentait le goût du sang au fond de sa bouche, son sang. Cela le fit s'interroger, pourquoi perdait-il du sang au juste ? Blessure légère ? Maladie quelconque ? Ou trouble mental ? C'était cette dernière solution qui paraissait la plus plausible car il ne ressentait aucune douleur interne ni ne se sentait malade. Cela dit, c'était également assez inquiétant et il se prenait à croire qu'il s'était passé quelque chose de pas net durant le court laps de temps qui s'était écoulé entre le moment ou il s'était levé et celui ou il avait cligné des yeux pour se retrouver là, sur le transat, face à la docteur qui l'observait, éberluée.
Qu'avait-il pu dire pour qu'elle soit ainsi choquée ? S'était-il comporté en malotru, dans un état second ? Avait-il fait l'imbécile ? Dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Il se ne rappelait de rien, si ce n'était qu'il s'était levé, en proie à des émotions puissantes mais indéfinissables et... Plus rien jusqu'à réaliser être assis sur le transat. Cette prise de conscience que même sa mémoire à court terme était si défaillante et fragile fut assurément difficile à intégrer. Encore une fois, sa condition d'estropié, physique ou mental, lui revenait en pleine figure. Il commençait à nouveau à broyer du noir lorsqu'il se rendit compte que la jeune femme était très proche de lui.
Trop proche, même, avec une jambe enroulée autour de sa taille, assise à moitié sur lui et même presque contre lui, si proche qu'il pouvait en détailler son visage sans difficulté. Et ce qu'il y voyait n'était pas pour lui plaire, le visage de la jeune femme était inondé de larmes tandis qu'elle pleurait et gémissait sous le coup d'une douleur insoutenable qui... Qui était quoi, d'ailleurs ? Un mouvement attira son attention et elle se serra contre lui, l'étreignant, le corps toujours parsemé de ses sanglots. Complètement désorienté, il lui rendit son étreinte de façon bien moins efficace, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Quand enfin elle le relâcha et l'observa, son visage était une véritable rivière de larmes.
Puis-je savoir ce qu...
Il n'eut ni le temps ni le loisir de finir. D'un coup, le visage de la belle s'était rapproché du sien jusqu'à le frôler et même plus encore. Ses lèvres se posèrent sur les siennes et délivrèrent un message qu'elle espérait pouvoir lui transmettre mais qui resta sans réponse car il ne se souvenait plus de rien. Comme une machine, il était ballotté sans aucune idée de ce qui se passait ni de quoi faire. Elle le relâcha et, sans rien dire, s'éloigna prestement de lui, presque en courant. Il l'observa marcher à grands pas dans la plaine sur plusieurs mètres avant de s'arrêter puis, sans crier gare, s'effondrer au sol, repliée sur elle-même. Malgré la distance, il entendait ses pleurs et ses lamentations.
Était-ce de son fait ? Avait-il fait tout cela, était-il responsable de toute cette folie ? Sa réaction instinctive le fit s'interroger et il comprit alors qu'elle avait agi sous le coup d'une émotion intense et soudaine. Leurs rapports avaient beau être cordiaux, il n'y avait jamais eu le moindre jeu de séduction entre eux ni de flirt d'aucune sorte. Et voilà que d'un coup, il se retrouvait au contact de son corps avec une telle proximité que c'en était presque inconvenant. Il était vraisemblable qu'auparavant, ils s'étaient tout deux connus, peut-être même intimement. S'il voulait des réponses, il n'y avait qu'une façon de les avoir. Bien qu'encore secoué par tout ce qui venait de se passer, il se leva et, sans se presser, se dirigea là ou la docteur s'était écroulée.
Lentement, avec précaution, comme s'il approchait un animal dangereux et fou de rage, il combla la distance les séparant. Quand il fut juste au-dessus d'elle, il la détailla un peu plus et constata combien elle semblait ravagée, bien loin de cette inébranlable, calme et compatissante femme qui l'avait suivi et soutenu depuis des semaines. Il s'accroupit à côté d'elle, posant un genou à terre et sa main valide sur l'épaule de la jeune femme. Il resta là à ne rien dire quelques instants, parce qu'il ne savait pas quoi dire de plus. Qu'est-ce qu'il devait faire ? La réconforter ? La laisser là, seule avec son chagrin ? La gifler pour qu'elle se ressaisisse ? Comment devait-il réagir ?
Si je vous ai fait du mal, je vous prie de me pardonner. Je ne vous en ferais jamais volontairement, je vous le jure. Vous êtes ma seule amie, la seule personne qui daigne se préoccuper de moi. Je n'ai que vous, plus que vous.
Entre 2 sanglots, la jeune femme s'interrompit et leva la tête pour le regarder. Que pouvait-elle bien penser en cet instant, tandis que ses yeux océan le jaugeaient ? Il tendit la main en direction du visage royal avant de la poser sur la joue baignée de larmes. Avec une grande douceur, il caressa la peau comme s'il essayait, par son toucher, d'effacer les marques de tristesse. Lorsqu'il eut fini pour ce côté, il fit basculer sa main sous le menton pour le tourner de côté afin qu'elle lui présente l'autre joue, à laquelle il appliqua le même traitement. Elle se laissa faire, comme une poupée de chiffon, bien que ses prunelles luisaient intensément.
Il lui adressa un sourire, fragile et peut-être bien aussi désuet qu'inconvenant vu la situation, mais honnête et simple. Il lui tendit la main afin qu'elle la saisisse pour l'aider à se relever et, lorsque ce fut fait, lui tapota l'épaule gentiment. Il sentait qu'il devait faire autre chose, que tout ça avait beau être un bon début, ce n'était pas suffisant. Il avait toujours la main de la belle dans la sienne et regardait les transats non loin. Alors il passa le bras de la jeune femme autour de son cou puis, se penchant en avant, la souleva de terre non sans des efforts conséquents, sa main gauche lui attrapant les jambes tandis que le bras amputé soutenait le poids de la jeune femme de son mieux.
Ainsi accrochée à lui et soulevée, au-dessus du sol, elle était captive de ses projets, quels qu'ils fussent. Il la mena jusqu'aux transats, une action qui se révéla éprouvante physiquement, entre la fatigue qui l'envahissait, ses difficultés de coordination et sa force physique pas encore bien récupérée, il eut quelques peines à arriver au bout du chemin. Quand ce fut fait toutefois, il déposa la jeune femme sur le transat puis saisit la bouteille de chocolat qu'il dé-bouchonna. Il semblait inquiet et mal à l'aise mais déterminé malgré tout. Il se fendit de quelques explications.
J'aimerais procéder à une expérience avec votre participation, si vous êtes d'accord. Nous parlions de cette femme qui me léchait la joue pour enlever le chocolat. Selon vous, cette personne m'était proche, peut-être même chère. Je veux vérifier quelque chose, permettez ?
Bien que l'assentiment fut donné du bout des lèvres, il le considéra comme tel et porta la bouteille à son doigt, y faisant couler un peu du précieux liquide jusqu'à en imbiber le majeur. Ensuite, le doigt toucha la joue de la docteur, étalant avec une langueur alarmante le chocolat sur sa peau. Inspirant profondément après ça, il se rapprocha très lentement d'elle et son visage du sien puis passa sa langue sur la joue, doucement. Quand il en eut fini, il semblait songeur. Une lueur de compréhension se faisait jour dans ses yeux.
Zai, la femme au chocolat, la voix que je me rappelais en cellule, toutes ne sont qu'une seule et même personne, n'est-ce pas ? Vous êtes cette femme. Vous êtes mon âme sœur ou du moins vous l'étiez jusqu'à ce que je disparaisse. Que s'est-il passé il y a quelques minutes, Helera ? Qu'ai-je fait ou dit qui vous ai fait si mal ?
Il reposa la bouteille sur la table puis, avec un soin infini, posa la paume de sa main contre la joue précédemment honorée comme pour soutenir le royal visage. Il croisa le regard de la jeune femme, qu'il ne quittait plus un instant. Il y avait de l'inquiétude dans ses yeux d'agent, de l'empathie et de l'interrogation. Molotch était-il là également, à l'observer derrière ces yeux, à griffer les murs de sa prison mentale en comprenant ce qu'il avait fait ? Et cet homme qui lui faisait face, était-il Molotch ou une ombre ? Qu'est-ce qui comptait vraiment ?
J'aimerais que vous me racontiez toute la vérité, s'il vous plait. Tout ce que vous savez sur moi, sur nous. Même les choses qui vous font peur, même celles qui vous font mal. Je dois savoir. Il faut que je sache. J'ai besoin de voir plus loin que ce brouillard. J'ai besoin de comprendre comment j'ai pu vous blesser et comment je pourrais obtenir votre pardon et me racheter. S'il vous plait, Helera. Dites-moi tout. Et, si vous le voulez, dites ce que vous voulez de moi. Si c'est en mon pouvoir, je vous le donnerai sans hésiter.
Qu'avait-il pu dire pour qu'elle soit ainsi choquée ? S'était-il comporté en malotru, dans un état second ? Avait-il fait l'imbécile ? Dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Il se ne rappelait de rien, si ce n'était qu'il s'était levé, en proie à des émotions puissantes mais indéfinissables et... Plus rien jusqu'à réaliser être assis sur le transat. Cette prise de conscience que même sa mémoire à court terme était si défaillante et fragile fut assurément difficile à intégrer. Encore une fois, sa condition d'estropié, physique ou mental, lui revenait en pleine figure. Il commençait à nouveau à broyer du noir lorsqu'il se rendit compte que la jeune femme était très proche de lui.
Trop proche, même, avec une jambe enroulée autour de sa taille, assise à moitié sur lui et même presque contre lui, si proche qu'il pouvait en détailler son visage sans difficulté. Et ce qu'il y voyait n'était pas pour lui plaire, le visage de la jeune femme était inondé de larmes tandis qu'elle pleurait et gémissait sous le coup d'une douleur insoutenable qui... Qui était quoi, d'ailleurs ? Un mouvement attira son attention et elle se serra contre lui, l'étreignant, le corps toujours parsemé de ses sanglots. Complètement désorienté, il lui rendit son étreinte de façon bien moins efficace, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Quand enfin elle le relâcha et l'observa, son visage était une véritable rivière de larmes.
Puis-je savoir ce qu...
Il n'eut ni le temps ni le loisir de finir. D'un coup, le visage de la belle s'était rapproché du sien jusqu'à le frôler et même plus encore. Ses lèvres se posèrent sur les siennes et délivrèrent un message qu'elle espérait pouvoir lui transmettre mais qui resta sans réponse car il ne se souvenait plus de rien. Comme une machine, il était ballotté sans aucune idée de ce qui se passait ni de quoi faire. Elle le relâcha et, sans rien dire, s'éloigna prestement de lui, presque en courant. Il l'observa marcher à grands pas dans la plaine sur plusieurs mètres avant de s'arrêter puis, sans crier gare, s'effondrer au sol, repliée sur elle-même. Malgré la distance, il entendait ses pleurs et ses lamentations.
Était-ce de son fait ? Avait-il fait tout cela, était-il responsable de toute cette folie ? Sa réaction instinctive le fit s'interroger et il comprit alors qu'elle avait agi sous le coup d'une émotion intense et soudaine. Leurs rapports avaient beau être cordiaux, il n'y avait jamais eu le moindre jeu de séduction entre eux ni de flirt d'aucune sorte. Et voilà que d'un coup, il se retrouvait au contact de son corps avec une telle proximité que c'en était presque inconvenant. Il était vraisemblable qu'auparavant, ils s'étaient tout deux connus, peut-être même intimement. S'il voulait des réponses, il n'y avait qu'une façon de les avoir. Bien qu'encore secoué par tout ce qui venait de se passer, il se leva et, sans se presser, se dirigea là ou la docteur s'était écroulée.
Lentement, avec précaution, comme s'il approchait un animal dangereux et fou de rage, il combla la distance les séparant. Quand il fut juste au-dessus d'elle, il la détailla un peu plus et constata combien elle semblait ravagée, bien loin de cette inébranlable, calme et compatissante femme qui l'avait suivi et soutenu depuis des semaines. Il s'accroupit à côté d'elle, posant un genou à terre et sa main valide sur l'épaule de la jeune femme. Il resta là à ne rien dire quelques instants, parce qu'il ne savait pas quoi dire de plus. Qu'est-ce qu'il devait faire ? La réconforter ? La laisser là, seule avec son chagrin ? La gifler pour qu'elle se ressaisisse ? Comment devait-il réagir ?
Si je vous ai fait du mal, je vous prie de me pardonner. Je ne vous en ferais jamais volontairement, je vous le jure. Vous êtes ma seule amie, la seule personne qui daigne se préoccuper de moi. Je n'ai que vous, plus que vous.
Entre 2 sanglots, la jeune femme s'interrompit et leva la tête pour le regarder. Que pouvait-elle bien penser en cet instant, tandis que ses yeux océan le jaugeaient ? Il tendit la main en direction du visage royal avant de la poser sur la joue baignée de larmes. Avec une grande douceur, il caressa la peau comme s'il essayait, par son toucher, d'effacer les marques de tristesse. Lorsqu'il eut fini pour ce côté, il fit basculer sa main sous le menton pour le tourner de côté afin qu'elle lui présente l'autre joue, à laquelle il appliqua le même traitement. Elle se laissa faire, comme une poupée de chiffon, bien que ses prunelles luisaient intensément.
Il lui adressa un sourire, fragile et peut-être bien aussi désuet qu'inconvenant vu la situation, mais honnête et simple. Il lui tendit la main afin qu'elle la saisisse pour l'aider à se relever et, lorsque ce fut fait, lui tapota l'épaule gentiment. Il sentait qu'il devait faire autre chose, que tout ça avait beau être un bon début, ce n'était pas suffisant. Il avait toujours la main de la belle dans la sienne et regardait les transats non loin. Alors il passa le bras de la jeune femme autour de son cou puis, se penchant en avant, la souleva de terre non sans des efforts conséquents, sa main gauche lui attrapant les jambes tandis que le bras amputé soutenait le poids de la jeune femme de son mieux.
Ainsi accrochée à lui et soulevée, au-dessus du sol, elle était captive de ses projets, quels qu'ils fussent. Il la mena jusqu'aux transats, une action qui se révéla éprouvante physiquement, entre la fatigue qui l'envahissait, ses difficultés de coordination et sa force physique pas encore bien récupérée, il eut quelques peines à arriver au bout du chemin. Quand ce fut fait toutefois, il déposa la jeune femme sur le transat puis saisit la bouteille de chocolat qu'il dé-bouchonna. Il semblait inquiet et mal à l'aise mais déterminé malgré tout. Il se fendit de quelques explications.
J'aimerais procéder à une expérience avec votre participation, si vous êtes d'accord. Nous parlions de cette femme qui me léchait la joue pour enlever le chocolat. Selon vous, cette personne m'était proche, peut-être même chère. Je veux vérifier quelque chose, permettez ?
Bien que l'assentiment fut donné du bout des lèvres, il le considéra comme tel et porta la bouteille à son doigt, y faisant couler un peu du précieux liquide jusqu'à en imbiber le majeur. Ensuite, le doigt toucha la joue de la docteur, étalant avec une langueur alarmante le chocolat sur sa peau. Inspirant profondément après ça, il se rapprocha très lentement d'elle et son visage du sien puis passa sa langue sur la joue, doucement. Quand il en eut fini, il semblait songeur. Une lueur de compréhension se faisait jour dans ses yeux.
Zai, la femme au chocolat, la voix que je me rappelais en cellule, toutes ne sont qu'une seule et même personne, n'est-ce pas ? Vous êtes cette femme. Vous êtes mon âme sœur ou du moins vous l'étiez jusqu'à ce que je disparaisse. Que s'est-il passé il y a quelques minutes, Helera ? Qu'ai-je fait ou dit qui vous ai fait si mal ?
Il reposa la bouteille sur la table puis, avec un soin infini, posa la paume de sa main contre la joue précédemment honorée comme pour soutenir le royal visage. Il croisa le regard de la jeune femme, qu'il ne quittait plus un instant. Il y avait de l'inquiétude dans ses yeux d'agent, de l'empathie et de l'interrogation. Molotch était-il là également, à l'observer derrière ces yeux, à griffer les murs de sa prison mentale en comprenant ce qu'il avait fait ? Et cet homme qui lui faisait face, était-il Molotch ou une ombre ? Qu'est-ce qui comptait vraiment ?
J'aimerais que vous me racontiez toute la vérité, s'il vous plait. Tout ce que vous savez sur moi, sur nous. Même les choses qui vous font peur, même celles qui vous font mal. Je dois savoir. Il faut que je sache. J'ai besoin de voir plus loin que ce brouillard. J'ai besoin de comprendre comment j'ai pu vous blesser et comment je pourrais obtenir votre pardon et me racheter. S'il vous plait, Helera. Dites-moi tout. Et, si vous le voulez, dites ce que vous voulez de moi. Si c'est en mon pouvoir, je vous le donnerai sans hésiter.