- mer. 16 janv. 2019 11:25
#34860
Tout était flou, tout était aqueux. Autant les sons que ce qu’elle avait devant les yeux. Un amas de lumière et un brouhaha dont elle n’arrivait pas à distinguer les bruits. Pas indépendamment en tous cas. La reine savait qu’elle était allongée sur le sol. Les gravats lui piquaient le corps, précédemment écrasé contre cette paroi bien trop peu lisse. De sa main robotique, elle attrapa la première chose qui lui venait à portée. Un morceau de fer, servant à armer le permabéton pour le rendre plus résistant. Elle se hissa, sans trop savoir pourquoi, ni où aller, frottant contre la roche. La douleur la foudroya sur place, et elle gémit de douleur. Peu à peu, les sons revinrent.
« Conseillère ! Vous allez bien ? Conseillère ? »
L’image quant à elle restait flou, elle voyait encore Dave, le soldat, s’élançant dans les airs, avant le grand flash. Les dents serrées, elle se sentit transportée, et hoqueta de douleur. On l’assit, elle sentait qu’on l’avait assis. Le sifflement dans les oreilles disparut.
« Dave … Où est … le soldat Dave ? »
Elle n’eut pas de réponses autres que les salves échangées entre les parties. Sa tête tournée, ses yeux n’arrivaient pas à focaliser un endroit précis. Plaçant sa main robotisée sur le rebord derrière lequel ils s’abritaient, la conseillère se hissa doucement.
« Soldat… Dave… »
La reine n’avait que cela en tête, l’image qui lui revenait en boucle, la scène comme sur une bande corrompue. Le soldat qui intervenait, son garde du corps attitré. La sphère de métal qui lui était destiné. Helera ne pouvait permettre qu’il lui arrive quelque chose, elle se remit debout, sous les regards incrédules de ses enfants, gémissant et pleurant dans le pelage du loup. Rik à côté vidait des salves de laser contre le couvert adverse. Et la reine debout sans protection observait les alentours, à la recherche du soldat en question. Elle le trouva, allongé à terre, dans une zone noirâtre. Ses yeux fermés sur son visage paisible auraient pu faire croire à une sieste bien méritée. Mais ses jambes plus loin, ainsi qu’une partie de son torse laissait présager une fin bien trop évidente. Helera resta tétanisée, tandis que l’image du gaillard bien bâti tournait encore dans sa tête. Les couleurs de la vie revinrent à elle, amenant alors un flot de sentiments qu’elle ne pourrait pas contenir.
Elle se sentit projetée en arrière, fit quelques pas pour se rattraper et constata la marque sur son épaule. La reine tenta vainement de lever son bras droit vers le couvert ennemi, pour le détruire sur place, mais une nouvelle douleur la foudroya sur place, et elle tomba à genoux. Le calme revint alors. La reine laissa traîner son regard bleu sur l’épaule encore organique, observant la position non naturelle sur laquelle il pivotait. Rik s’approcha d’elle et prit sa main dans la sienne. Helera lui jeta un regard, mélange de tristesse et de douleur qui lui arrachait désormais tout le corps. Ainsi assise, elle remarqua toutes les petites contusions qui parcouraient son corps, là où les shrapnels s’étaient logés, et où les éléments du mur coupant contre lequel elle avait été projetée avaient entaillés sa peau.
« Agent ! J’ai besoin de vous, » hurla Rik, tandis qu’Emril était en train de le relever de son combat contre l’officier renégat.
« Il faut que vous la mainteniez. Jorj, reviens ici. »
Pas de réponse de Jorj. Mais pas le temps de s’en occuper pour le soldat qui s’était alors déplacée derrière Helera. Il avait posé son genou contre l’omoplate de la reine. Cette dernière n’était pas totalement remise de ses émotions. Elle trouva néanmoins à commenter.
« Je vais bien, je vais bien … »
Son regard vaseux rencontra celui de l’agent qui la maintenait quand un craquement sonore troubla la tranquillité ardemment gagné. Helera se débattit sous la douleur, ferma les yeux et serra les dents. Elle poussa un uniquement gémissement, une sorte de râle. Le coup de fouet que cela lui donna lui fit instantanément reprendre ses esprits. Toujours blessée, elle n’en restait pas moins en pleine capacité relative, de ses moyens. Son visage resta serré quelques secondes, les sillons autour de son nez se creusant sous l’effort. Puis elle se relâcha lentement et souffla, plusieurs fois. Quand elle rouvrit les yeux, elle regarda les soldats et l’agent autour d’elle.
« Je crois que Dave … »
Ils ne dirent rien, elle ne termina pas la phrase. Tous savaient. Rik en revanche se rendit compte de la non-présence de Jorj, et se dirigea vers le lieu présumé. Le soldat était allongé sur le dos et ne bougeait plus, un gros trou noirâtre ayant percé son T-shirt de sport en pleine poitrine. Un son rauque s’échappant du fond de son gosier. Rik s’agenouilla à ses côtés et lui prit la main.
« Putain me fais pas ça, tu peux pas partir … Mon frère, il faut que tu te réveilles, j’vais pas pouvoir les ramener tout seul. »
« On a … gagné ? »
Le storm ne pleurait pas, cela lui était interdit. Il hocha la tête de haut en bas. Mais il y avait une sorte de frein dans sa voix, qui la faisait chevroter à chaque mot.
« Tu me dois mes vingt crédits… Jorj, relève-toi, on peut le faire ! »
« J’vais crever … là. Mais … mais ça va. Pour l’empire, mon frère. Ca a toujours été … pour l’empire. Protège … protège la conseillère… »
Il laissa tomber sa tête sur le côté, son regard resta figé et resta à jamais figé. Rik passa sa main sur son visage et lui ferma les yeux, les yeux rougeâtres à cause de l’émotion. Il avait été entraîné pour faire son devoir, et n’avait pas le droit de s’attarder sur ses copains morts. Ainsi, il ne restait plus que Rik et Emril. La reine de son côté n’avait rien loupé à la scène, berçant le mourant de sa présence spirituelle. L’accompagnant jusqu’au trépas, jusqu’à la fin. Toujours allongée, elle avait placé sa main robot devant sa bouche, cachant à demi son visage bercé par les flots de son chagrin. Deux morts supplémentaires par sa faute.
Les deux gardes la laissèrent seule avec sa famille, et s’en allèrent aider l’agent pour son interrogatoire. Le tenant dans le vide. Mais le sergent n’avait rien à perdre, et savait qu’il était désormais mort. Soit par eux, soit par la justice. Il leur cracha au visage :
« Vous suivez cette trainée, indigne de l’empire. Sa famille est une honte pour l’empire. Pensez-vous que nous sommes isolés ? L’empire cri sa mort ! La direction veut sa tête autant que le peuple. A elle et à ses batards d’enfants. »
Il glissa alors sur le sol, percutant sans aucune once de confort le sol les gravats, ramenant de la poussière jusqu’à l’endroit où la reine se tenait. Il s’éleva alors dans les airs, restant figé sur place, tétanisé. Helera n’avait que le bras gauche levé, agitant la main pour le maintenir. Les soldats s’empressèrent de la rejoindre.
« Ne faites pas cela, on a besoin de lui vivant ! »
Le visage de la conseillère était empreint de colère, et humide des larmes qui coulaient de son visage. Le pour et le contre était lancée, et elle était seule face à l’individu, tandis que le fil de sa vie se tenait entre ses mains. L’autre cracha et étira un sourire.
« On les fera brûler vifs avant de les jeter dans la fosse commune, où ils se feront dévorer par les chiens. Là où l’on met les traîtres et leur progéniture. »
La respiration de la reine accéléra, augmentant en cadence. Une déformation sur son visage, et un rictus de colère. De sa main naquit alors de la blancheur opaline du froid, qui se dirigea vers le sergent, jusqu’à recouvrir sa blessure. Gelée, il ne mourrait plus. Pas maintenant en tous cas. Elle déglutit et le laissa retomber à terre. Son regard évita celui de tout le monde, et elle fit volte-face. Sa pulsion avait failli lui coûter la vie d’un informateur. Avec difficulté, elle se contenait, et seul son cœur fut témoin du bouleversement interne auquel elle était soumise. La reine croisa les bras et ne dit davantage de mot. Elle se contenta de s’éloigner et de pleurer en silence.
« Conseillère ! Vous allez bien ? Conseillère ? »
L’image quant à elle restait flou, elle voyait encore Dave, le soldat, s’élançant dans les airs, avant le grand flash. Les dents serrées, elle se sentit transportée, et hoqueta de douleur. On l’assit, elle sentait qu’on l’avait assis. Le sifflement dans les oreilles disparut.
« Dave … Où est … le soldat Dave ? »
Elle n’eut pas de réponses autres que les salves échangées entre les parties. Sa tête tournée, ses yeux n’arrivaient pas à focaliser un endroit précis. Plaçant sa main robotisée sur le rebord derrière lequel ils s’abritaient, la conseillère se hissa doucement.
« Soldat… Dave… »
La reine n’avait que cela en tête, l’image qui lui revenait en boucle, la scène comme sur une bande corrompue. Le soldat qui intervenait, son garde du corps attitré. La sphère de métal qui lui était destiné. Helera ne pouvait permettre qu’il lui arrive quelque chose, elle se remit debout, sous les regards incrédules de ses enfants, gémissant et pleurant dans le pelage du loup. Rik à côté vidait des salves de laser contre le couvert adverse. Et la reine debout sans protection observait les alentours, à la recherche du soldat en question. Elle le trouva, allongé à terre, dans une zone noirâtre. Ses yeux fermés sur son visage paisible auraient pu faire croire à une sieste bien méritée. Mais ses jambes plus loin, ainsi qu’une partie de son torse laissait présager une fin bien trop évidente. Helera resta tétanisée, tandis que l’image du gaillard bien bâti tournait encore dans sa tête. Les couleurs de la vie revinrent à elle, amenant alors un flot de sentiments qu’elle ne pourrait pas contenir.
Elle se sentit projetée en arrière, fit quelques pas pour se rattraper et constata la marque sur son épaule. La reine tenta vainement de lever son bras droit vers le couvert ennemi, pour le détruire sur place, mais une nouvelle douleur la foudroya sur place, et elle tomba à genoux. Le calme revint alors. La reine laissa traîner son regard bleu sur l’épaule encore organique, observant la position non naturelle sur laquelle il pivotait. Rik s’approcha d’elle et prit sa main dans la sienne. Helera lui jeta un regard, mélange de tristesse et de douleur qui lui arrachait désormais tout le corps. Ainsi assise, elle remarqua toutes les petites contusions qui parcouraient son corps, là où les shrapnels s’étaient logés, et où les éléments du mur coupant contre lequel elle avait été projetée avaient entaillés sa peau.
« Agent ! J’ai besoin de vous, » hurla Rik, tandis qu’Emril était en train de le relever de son combat contre l’officier renégat.
« Il faut que vous la mainteniez. Jorj, reviens ici. »
Pas de réponse de Jorj. Mais pas le temps de s’en occuper pour le soldat qui s’était alors déplacée derrière Helera. Il avait posé son genou contre l’omoplate de la reine. Cette dernière n’était pas totalement remise de ses émotions. Elle trouva néanmoins à commenter.
« Je vais bien, je vais bien … »
Son regard vaseux rencontra celui de l’agent qui la maintenait quand un craquement sonore troubla la tranquillité ardemment gagné. Helera se débattit sous la douleur, ferma les yeux et serra les dents. Elle poussa un uniquement gémissement, une sorte de râle. Le coup de fouet que cela lui donna lui fit instantanément reprendre ses esprits. Toujours blessée, elle n’en restait pas moins en pleine capacité relative, de ses moyens. Son visage resta serré quelques secondes, les sillons autour de son nez se creusant sous l’effort. Puis elle se relâcha lentement et souffla, plusieurs fois. Quand elle rouvrit les yeux, elle regarda les soldats et l’agent autour d’elle.
« Je crois que Dave … »
Ils ne dirent rien, elle ne termina pas la phrase. Tous savaient. Rik en revanche se rendit compte de la non-présence de Jorj, et se dirigea vers le lieu présumé. Le soldat était allongé sur le dos et ne bougeait plus, un gros trou noirâtre ayant percé son T-shirt de sport en pleine poitrine. Un son rauque s’échappant du fond de son gosier. Rik s’agenouilla à ses côtés et lui prit la main.
« Putain me fais pas ça, tu peux pas partir … Mon frère, il faut que tu te réveilles, j’vais pas pouvoir les ramener tout seul. »
« On a … gagné ? »
Le storm ne pleurait pas, cela lui était interdit. Il hocha la tête de haut en bas. Mais il y avait une sorte de frein dans sa voix, qui la faisait chevroter à chaque mot.
« Tu me dois mes vingt crédits… Jorj, relève-toi, on peut le faire ! »
« J’vais crever … là. Mais … mais ça va. Pour l’empire, mon frère. Ca a toujours été … pour l’empire. Protège … protège la conseillère… »
Il laissa tomber sa tête sur le côté, son regard resta figé et resta à jamais figé. Rik passa sa main sur son visage et lui ferma les yeux, les yeux rougeâtres à cause de l’émotion. Il avait été entraîné pour faire son devoir, et n’avait pas le droit de s’attarder sur ses copains morts. Ainsi, il ne restait plus que Rik et Emril. La reine de son côté n’avait rien loupé à la scène, berçant le mourant de sa présence spirituelle. L’accompagnant jusqu’au trépas, jusqu’à la fin. Toujours allongée, elle avait placé sa main robot devant sa bouche, cachant à demi son visage bercé par les flots de son chagrin. Deux morts supplémentaires par sa faute.
Les deux gardes la laissèrent seule avec sa famille, et s’en allèrent aider l’agent pour son interrogatoire. Le tenant dans le vide. Mais le sergent n’avait rien à perdre, et savait qu’il était désormais mort. Soit par eux, soit par la justice. Il leur cracha au visage :
« Vous suivez cette trainée, indigne de l’empire. Sa famille est une honte pour l’empire. Pensez-vous que nous sommes isolés ? L’empire cri sa mort ! La direction veut sa tête autant que le peuple. A elle et à ses batards d’enfants. »
Il glissa alors sur le sol, percutant sans aucune once de confort le sol les gravats, ramenant de la poussière jusqu’à l’endroit où la reine se tenait. Il s’éleva alors dans les airs, restant figé sur place, tétanisé. Helera n’avait que le bras gauche levé, agitant la main pour le maintenir. Les soldats s’empressèrent de la rejoindre.
« Ne faites pas cela, on a besoin de lui vivant ! »
Le visage de la conseillère était empreint de colère, et humide des larmes qui coulaient de son visage. Le pour et le contre était lancée, et elle était seule face à l’individu, tandis que le fil de sa vie se tenait entre ses mains. L’autre cracha et étira un sourire.
« On les fera brûler vifs avant de les jeter dans la fosse commune, où ils se feront dévorer par les chiens. Là où l’on met les traîtres et leur progéniture. »
La respiration de la reine accéléra, augmentant en cadence. Une déformation sur son visage, et un rictus de colère. De sa main naquit alors de la blancheur opaline du froid, qui se dirigea vers le sergent, jusqu’à recouvrir sa blessure. Gelée, il ne mourrait plus. Pas maintenant en tous cas. Elle déglutit et le laissa retomber à terre. Son regard évita celui de tout le monde, et elle fit volte-face. Sa pulsion avait failli lui coûter la vie d’un informateur. Avec difficulté, elle se contenait, et seul son cœur fut témoin du bouleversement interne auquel elle était soumise. La reine croisa les bras et ne dit davantage de mot. Elle se contenta de s’éloigner et de pleurer en silence.